La situation sécuritaire n’est pas la seule cause de vulnérabilité des éleveurs de bétail au Burkina Faso. Ces derniers sont aussi frappés de plein fouet par les effets du changement climatique. En particulier, les ressources en eau deviennent de plus en plus rares.
Ayun Diallo a 75 ans. La vie et la survie ne passent que par une seule activité : l’élevage. Lorsqu’il pense à l’avenir de sa communauté, il avoue vivre depuis quelques années constamment dans la peur.
Diallo vit à Bindabongo dans la commune de Boulsa, au Centre-Nord du Burkina Faso. La plupart des 500 habitants du village sont des éleveurs. Pour abreuver leur bétail, ils doivent parcourir dix kilomètres. Et avec l’insécurité, le septuagénaire est inquiet de voir ses petits-enfants faire ce trajet chaque jour.
« Chaque matin, je confie mes petits-enfants à Dieu avant qu’ils s’en aillent. Je prie pour qu’ils reviennent en paix, j’attends toujours leur retour dans l’angoisse. »
Pour des milliers de personnes au Burkina Faso, c’est une réalité quotidienne. L’eau devient de plus en plus rare à mesure que les conditions météorologiques changent. Et tout cela se produit alors que le pays fait face à l’une des plus grandes crises de déplacement du monde : 8.5% de la population – soit 1,74 million de personnes – ont dû fuir leur domicile en raison de l’insécurité.
Dans certaines régions, ces déplacements massifs au sein des frontières du pays créent des regroupements de population extrêmement denses et ajoutent une pression supplémentaire sur l’approvisionnement en eau.
Pour répondre à ces besoins, le CICR creuse des puits. L’entreprise se révèle souvent décevante car près de 60% des forages ne donnent rien.
Mais dans les autres cas, lorsque l’eau jaillit, la vie en est transformée.
Sadjo Diallo, éleveur lui aussi, raconte comment un forage a changé le destin de sa fille : « Je lui avais dit qu’il n’était pas question qu’elle aille à l’école. A moi seul je ne pouvais pas abreuver les bêtes. En plus il faut aller à cinq kilomètres chercher de l’eau pour les besoins de la famille. Aujourd’hui j’ai l’eau à portée de main, ma fille ira à l’école l’an prochain. »
« Il est urgent de construire des forages pastoraux »
Au Sahel, la plupart des familles forcées de fuir se déplacent avec leurs animaux. Mais elles arrivent dans des villes d’accueil qui connaissent souvent déjà des difficultés d’accès à l’eau.
Wendgouda Priva Kabré est responsable du service et eau et habaitat du CICR au Burkina Faso : « Quand les populations elles-mêmes n’ont pas suffisamment d’eau à boire, les animaux sont relégués au second plan. Avoir de l’eau pour abreuver les bêtes devient une véritable lutte. À la fin, les éleveurs bradent leurs animaux juste pour se libérer de cette fatigue permanente d’avoir à chercher de l’eau. Ce problème existe dans de nombreuses localités au Burkina Faso. » avant de conclure « il y a urgence, il faut poursuivre les efforts dans la construction des forages pastoraux pour préserver cette source importante de revenu des communautés », ajoute Priva.
Chiffres clés de l’action du CICR dans le domaine de l’eau au Burkina Faso en 2021 :
- 47 500 personnes déplacées et résidentes ont vu leur accès à l’eau potable amélioré grâce à la réparation et/ou la réalisation de 87 pompes à motricité humaine dans 16 communes des régions du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel.
- 3 000 déplacés et résidents de Djibo (région du Sahel) ont amélioré leur accès à l’eau grâce à la réalisation d’un réseau d’eau potable dans la ville.
L’élevage est une activité difficile déjà en Europe où l’eau est encore présente.
Mais insister à être éleveur est une épreuve en Afrique. On a l’impression que ces éleveurs naviguent dans un désert. Où est la verdure à profusion pour ces bêtes. Et elles paraissent maigres.
Pourquoi ces éleveurs ne s’intéresseraient pas à faire de l’agriculture. Quand on voit ce qui a été fait au sénégal pour l’arboriculture faisant barrage au désert, en utilisant la méthode irrigasc, on se dit que tout est possible en Afrique. Il suffit de le vouloir.
L’agriculture leur permettrait de produire des protéines animales avec d’autres animaux plus faciles à gérer. Notamment les volailles qui s’adaptent très bien à un ensemble potager.
Cela fait de la peine de voir une telle obstination.
Même en Europe il y a une volonté d’arrêter l’élevage bovin TROP GOURMAND en tout. et surtout en eau.