A Glasgow, en marge de la COP26, CICR et Banque africaine de développement s’inquiètent de la double peine que fait subir le changement climatique sur les pays déjà très fragilisés par les conflits armés ou encore minés par la pauvreté.

Dans un communiqué commun, CICR et Banque africaine de développement (BAD) jugent que les pays, parmi les plus vulnérables, ne sauraient être ignorés de l’action et du financement climatique. A cette préoccupation se sont joints plusieurs gouvernements, ONGs et représentants de la société civile dans une rencontre conduite à Glasgow en marge de la COP26, à l’initiative du CICR et de la BAD.

La double peine

Les pays jugés les plus vulnérables au changement climatique sont souvent les les moins bien armés pour y résister. Nombre d’entre eux subissent également un conflit armé. Les bouleversements climatiques aggravent ainsi les facteurs préexistants, complexes, multidimensionnels et évolutifs de fragilité, de violence et de conflit. Pourtant, comme l’ont souligné les intervenants lors de l’événement, l’action climatique dans les États touchés par un conflit reste faible en raison des défis réels ou perçus de travailler dans des environnements fragiles, tandis que le financement climatique a également fait défaut. La conséquence est que les plus vulnérables sont aussi les moins soutenus pour l’adaptation aux conséquences dévastatrices du changement climatique.

« Déséquilibre »

Pour Patrick Youssef, directeur Afrique du CICR, « Si des efforts importants ne sont pas déployés pour renforcer l’action climatique et le financement dans les États touchés par des conflits, les plus vulnérables du monde ne feront que prendre encore plus de retard. Si l’écart continue à croître, les besoins humanitaires liés aux chocs climatiques deviendront plus profonds et plus coûteux. Cela imposera à son tour un fardeau plus lourd aux organisations humanitaires et à leurs donateurs. Il est impératif que la communauté internationale s’attaque d’urgence à ce déséquilibre ».

Promesses restant à tenir

Il existe une disparité importante entre la fourniture de financements aux pays à revenu intermédiaire stables et aux pays les moins avancés du monde, dont beaucoup sont touchés par des conflits. Malgré l’engagement pris dans l’Accord de Paris d’accroître le soutien à ces pays, entre 2016 et 2018, ils n’ont reçu qu’environ 14 % du financement climatique total enregistré par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec près de 70% de tous les financements climatiques fournis aux pays à revenu intermédiaire.

Inégalités et vulnérabilités en hausse

Selon Al Hamndou Dorsouma, directeur par intérim du Département du changement climatique et de la croissance verte de la BAD, « Nous assistons à une augmentation des inégalités et des vulnérabilités perpétuées par le changement climatique, qui sape les trajectoires de croissance inclusive et durable des pays touchés par la fragilité, les conflits et la violence. Le financement climatique doit être intensifié et atteindre le bas de la pyramide des communautés, en particulier les femmes et les jeunes, pour renforcer la résilience des communautés. »

Nouvelles pistes de financements ?

Le CICR, la Banque africaine de développement et plusieurs autres banques multilatérales de développement, organisations humanitaires et instituts de recherche ont uni leurs forces pour explorer des pistes pour renforcer l’action climatique, et notamment l’accès au financement climatique dans les situations de conflit.

En octobre 2021, cette alliance a organisé une première table ronde d’experts sur la lutte contre les obstacles au financement climatique dans les endroits en proie à des conflits ou à la fragilité. L’événement qui s’est tenu aujourd’hui a fait écho à cette conversation dans le but d’élaborer un ensemble de propositions pour débloquer le financement climatique dans des contextes fragiles et en transition.

« Renforcer la résilience climatique »

« À l’avenir, il est essentiel de veiller à ce que les pays en conflit, et en particulier les personnes les plus vulnérables au sein de ces pays, soient suffisamment soutenus pour s’adapter aux effets du changement climatique », explique Patrick Youssef. Pour Yero Baldeh, directeur du Bureau de coordination des États en transition à la Banque africaine de développement, « le lien humanitaire-développement-paix et les partenaires du secteur privé peuvent contribuer à renforcer la résilience climatique dans les communautés touchées par la fragilité et les conflits sur le continent africain. Ensemble, cela contribuera également à la prévention et à la résolution des conflits ».