Le directeur des opérations du CICR, Dominik Stillhart vient d’achever une mission en Somalie. Depuis trente ans exactement, la population subit conflit armé, violence et pauvreté qu’aggravent encore le spectre de la famine et la réalité du changement climatique.
Voici la déclaration de Dominik Stillhart : « J’ai terminé ma visite en Somalie hier, le cœur lourd. Lorsque, en 1991, je suis arrivé pour la première fois dans ce pays, je n’imaginais pas que le conflit, qui a depuis causé tant de souffrances et de dévastations, se poursuivrait trois décennies plus tard. Toute une génération de Somaliens, aujourd’hui, n’a connu aucun jour de paix. Cette crise est l’une des plus longues de la région. Une chose m’inquiète : peu se font l’écho de cette situation. Comme si le monde tenait pour acceptable cette situation intenable, qui ne cesse d’aller de mal en pis.
Quel espoir ?
J’ai rencontré des gens qui ont tout perdu sauf l’espoir ténu que leurs enfants vivent un jour dans un pays en paix. Difficiles à entendre sont les témoignages de ceux qui ont fui leur maison, leurs moyens de subsistance et dont la première préoccupation reste de trouver à manger.
Les chiffres sont éloquents : près de 3 millions de personnes sont déplacées, près de 1,6 million sont confrontées à l’insécurité alimentaire. 75% de la population vit aujourd’hui avec moins de 2 dollars par jour.
Changement climatique
Comme si le conflit ne suffisait pas aux malheurs de la population somalienne, le pays est désormais parmi les plus vulnérables face au changement climatique et aussi l’un des moins préparés. Les sécheresses et les inondations sont devenues si fréquentes que les gens ont à peine le temps de se remettre d’une crise qu’ils doivent affronter la suivante. C’est encore, s’ils sont confrontés à des difficultés supplémentaires comme, par exemple, les déplacements. En parallèle, le conflit a affecté autorités et institutions somaliennes. L’économie et la cohésion sociale n’ont pas été non plus épargnées, le tout limitant la capacité du pays à appréhender la crise climatique.
Une mission CICR plusieurs fois endeuillée
Au cours des trente années écoulées, le CICR a traversé des moments tragiques et douloureux en Somalie ; notamment la perte de plusieurs de nos collègues alors qu’ils effectuaient leur mission.
L’impératif de l’accès humanitaire
Alors que tant de personnes ont besoin de façon urgente d’une aide humanitaire, nous savons que l’espace pour une action humanitaire neutre et impartiale reste extrêmement limité. Nous et notre partenaire du Croissant-Rouge de Somalie constatons souvent que les communautés qui en ont le plus besoin sont aussi les plus négligées car les plus difficiles à atteindre. C’est pourquoi je ne cesserai de dire combien il est crucial de maintenir l’aide humanitaire en dehors de la politique et ne cesserai d’appeler toutes les parties prenantes à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faciliter l’accès humanitaire. »
A découvrir, le matériel audiovisuel relatif la visite de Dominik Stillhart à Mogadiscio (en anglais)
Dominik Stillhart est certainement le délégué qui connaît le mieux la situation dans la durée. C’est pourquoi il est très crédible et son témoignage du plus haut intérêt. Bravo à Dominik et à son inlassable combat pour l’humanitaire.
Paul