En Afrique, la moitié du nombre total de personnes portées disparues enregistrées par le CICR sont au Nigéria. Pas moins de 24 000 dans le nord-est du pays, après douze années d’un féroce conflit. Ce chiffre n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’ampleur réelle reste largement inconnue.

En collaboration avec la Croix-Rouge nigériane, le CICR assure et organise, comme il le fait partout où le service des recherches et de rétablissement des liens familiaux. Ce travail de fourmi permet parfois de soulager l’angoisse de familles laissées sans nouvelle, grâce à un message ou à un coup de fil… L’aboutissement demeure évidemment la réunification des proches, toujours émouvante, un enfant retrouvant sa mère, un homme enlaçant son épouse, une mêlée familiale où larmes concurrencent les sourires.

Un accompagnement nécessaire

En parallèle des recherches, le CICR mène à Yola un programme d’accompagnement de centaines de familles avec soutien psychosocial et économique, juridique, administratif.

Blessing Bitrus, qui a deux proches portés disparus, est « accompagnatrice volontaire ». Objectif : aider les personnes à mieux gérer leur anxiété pour pouvoir continuer à travailler.

Valorisant l’entraide, les accompagnateurs sont tous issus de familles de personnes disparues. Ce programme original est mis en œuvre dans quatre communautés du nord-est, essentiellement composées d’une population de déplacés.

Le programme d’accompagnement comprend des séances de groupe trimestrielles animées par le CICR et des accompagnateurs, lors desquelles est versé un soutien économique aux personnes qui en ont le plus besoin. Ce coup de pouce permet d’améliorer le quotidien de la famille, surtout lorsque la personne portée disparue est celle qui subvenait principalement aux besoins financiers de toute la famille.

Nicholas Samuel, déplacé depuis 2014, attend toujours des nouvelles de son plus jeune frère.

200 personnes prises en charge

A Yola, plus de 200 personnes ont été prises en charge par le programme. Côté santé mentale, les promoteurs de cette initiative ont pu noter une réduction du niveau de détresse mais aussi de dépression, d’anxiété et de stress.

Les séances ont aussi été l’occasion d’autonomiser les familles en les sensibilisant à la sécurité, aux droits et à l’accès aux services médico-sociaux. A l’issue de chaque rencontre, il a en outre été constaté que les discussions contribuaient à renforcer les liens entre les familles des personnes portées disparues, tout en faisant tomber certaines barrières sociales.