A la tombée du jour, le village de Grévaï, situé à 30 kilomètres de Kaga Bandoro (République centraficaine) s’anime au retour des champs. Sur la place centrale du village, pendant que les femmes vendent leurs récoltes, les enfants jouent et les hommes se retrouvent pour discuter autour de breuvages locaux. Ce quotidien paisible a pris fin le 17 mai 2021.

Dans la nuit de ce 17 mai, les 5 300 habitants de Grévaï sont réveillés par des bruits de tirs. Le village est attaqué. Les assaillants  incendient, pillent, tuent. Douze personnes trouvent la mort dans cette attaque. Plus de 500 maisons sont détruites.

Malgré cette nuit de cauchemars, une petite centaine d’habitants refuse de quitter le village alors qu’une majorité, trop effrayée, s’enfuit. 1 183 familles trouvent refuge sur le site de déplacés de Bakouté. Elles vivent aujourd’hui dans des conditions extrêmement précaires.

Le Président de la branche locale de la Croix-Rouge centrafricaine de Grevaï, lui aussi déplacé, explique « Nous vivons dans de très mauvaises conditions. C’est vraiment difficile d’expliquer comment nous arrivons à survivre dans ces conditions. Il y a des enfants qui ne mangent pas à leur faim, des personnes affamées. Certains dorment sous des arbres par terre car ils n’ont pas de natte. »

Se nourrir

Pour avoir de quoi subvenir à leurs besoins, les déplacés – enfants compris faute de pouvoir continuer d’aller à l’école – ramassent, cassent, épluchent et sèchent les noix de karité pour en faire de l’huile, qui est vendue pour la modique somme de 500 francs CFA le demi-litre.

Ceux qui ont pu emporter avec eux quelques économies et un peu de matériel, vendent des beignets et du café. A la fin de la journée, ces petites recettes leur permettent de pourvoir à leurs besoins quotidiens.

Les 9, 10, 11 juin derniers, le CICR a apporté une assistance humanitaire à ces 1 183 familles déplacées. Entre autres, elles ont chacune reçu du riz, de l’huile, du sel et d’autres articles essentiels à la survie. A court terme, cela va permettre aux familles d’avoir suffisamment de nourriture pendant quelques semaines et à moyen terme, de pouvoir réutiliser les articles de ménages si elles parvenaient à retourner à Grévaï.

Se soigner

En cette saison de pluies, les conditions de vie sur ce site exposent enfants et adultes à de multiples maladies. Or, l’accès aux soins de santé est très limité sur ce site de fortune.

Pour combler ce manque, deux fois par semaine, des cliniques mobiles sont déployées par le CICR. L’équipe médicale réalise des consultations, distribue si besoin des médicaments. Lorsqu’une hospitalisation est nécessaire, les malades sont référés à l’hôpital de Kaga-Bandoro.

S’hydrater

Le CICR a également installé un dispositif de distribution d’eau d’urgence composé d’un réservoir de 10 000 litres et de deux rampes de distribution pour permettre à ces personnes déplacées d’avoir un meilleur accès à de l’eau potable.

Toutefois, ce dispositif est loin d’être suffisant : « L’eau que nous pompons ne suffit pas. On l’utilise juste pour boire, faire la cuisine et la vaisselle. Comme j’ai un bébé j’en garde un peu pour son bain. Mais pour nous laver, nous sommes obligés d’aller à la rivière. » raconte Chancela, mère de famille déplacée.

Contraints d’abandonner l’école et de fuir avec leurs parents, les enfants de Grévaï, n’ont d’autres choix que d’aider leurs familles à trouver de quoi se nourrir. F Sambia / CICR