Pour conserver la mémoire de ses actions humanitaires, le CICR à Beyrouth décide en 1976 de faire appel à un réalisateur de télévision britannique pour tourner un film 16 minutes montrant les divers aspects de ses activités dans le pays. Au final, le film durera quasiment le double.
Au-delà de l’importance de rappeler ces événements, nous avons choisi de sortir ce film de l’oubli pour son authenticité. Des réunions éclairées à la bougie, aux trajets à bord des Combi et Golf Volkswagen, on observe des délégués suisses (ndlr : à cette époque, les délégués étaient tous de nationalité suisse) qui s’investissent dans les immuables missions du CICR : diplomatie humanitaire, distributions de biens essentiels à la survie, rétablissement des liens familiaux et bien sûr, soins de santé. Au plus fort des combats, les équipes du CICR ont pratiqué plus de cent opérations chirurgicales par semaine.
Des attaques à l’encontre des humanitaires déjà fréquentes
Ce film montre aussi une réalité toujours terriblement d’actualité, le non-respect de l’emblème de la Croix-Rouge, les vols de véhicules ou encore les attaques contre les travailleurs humanitaires : « Cette action n’a pas toujours été facile. Dans certaines régions, on a tiré sur les véhicules de la Croix-Rouge et des groupes armés s’en sont même emparés. L’emblème de la Croix-Rouge a été déchiré et des délégués interrogés sous la menace des armes. »
Clope au bec, un des délégués n’hésite pas à laisser éclater sa colère lorsqu’il raconte qu’un franc-tireur (qu’il insulte de son of a bitch) a délibérément ciblé le personnel Croix-Rouge alors qu’ils étaient en train d’évacuer des blessés.
Des valeurs intemporelles
Les mots de la fin reviennent à Jean Hoefliger, chef de délégation de l’époque qui s’agace du prétendu manque de neutralité du CICR : « A Genève l’été dernier, nous parlions de la neutralité du CICR au cours d’une conférence de presse. J’ai alors failli dire mais je ne l’ai pas fait, l’endroit étant mal choisi, j’ai failli dire : vous avez tout à fait raison, le CICR n’est pas neutre, le CICR n’est pas impartial. Nous sommes partiaux, nous nous mettons toujours du même côté. Nous nous mettons du côté des victimes et nous continuerons à le faire. Nous nous mettrons du côté des assiégés qui en ont besoin et alors bien sûr, nous serons critiqués. »
Les archives audiovisuelles sont composées de 120 000 photos, films, vidéos et enregistrements sonores. Elles sont aussi accessibles à tous gratuitement. Si vous aussi, vous êtes férus d’histoire, retrouvez le blog Cross-files, tenu par l’équipe des archives du CICR.
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