Au terme d’une visite de cinq jours en Syrie, Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge, a appelé la communauté internationale à se réunir pour définir une « nouvelle approche » et esquisser des solutions à long terme.

Alors qu’il évoquait les femmes et les enfants bloqués dans des camps tels que celui d’Al-Hol, M. Maurer a déclaré : « Dans cet endroit, l’espoir va littéralement s’éteindre. C’est l’une des crises les plus graves, si ce n’est la plus grave, à laquelle nous sommes actuellement confrontés en matière de protection de l’enfance. »

« L’espoir va littéralement s’éteindre »

« Il est scandaleux que la communauté internationale permette qu’un tel endroit puisse encore exister et que cette situation se prolonge, non pas à cause d’un problème humanitaire insurmontable, mais parce que des divergences politiques empêchent de trouver une solution durable pour toutes ces personnes bloquées ici, dans le nord-est de la Syrie », a-t-il ajouté.

Il a appelé la communauté internationale à se réunir en vue de trouver des solutions viables pour les ressortissants de plus de 60 pays se trouvant à Al-Hol, dont des dizaines de milliers d’Irakiens et de Syriens

Parmi les quelque 62 000 personnes vivant actuellement dans ce camp tentaculaire, les deux tiers sont des enfants, dont beaucoup sont orphelins ou séparés de leur famille. Ils grandissent dans des conditions très difficiles, souvent dangereuses. Le CICR exhorte l’ensemble des États à assumer leurs responsabilités à l’égard de leurs ressortissant se trouvant dans le camp d’Al-Hol et dans le nord-est de la Syrie, et à tout mettre en œuvre pour les rapatrier dans le respect du droit, en veillant à préserver l’unité familiale et à les accompagner pleinement dans le processus de réintégration.

Le bilan économique catastrophique du conflit a également constitué un thème central de la visite. Des millions d’autres Syriennes et Syriens ont été plongés dans la faim et la pauvreté depuis le début de la pandémie l’année dernière, et l’on estime que 60 % de la population soit n’a pas accès à une quantité suffisante de nourriture chaque jour, soit n’a pas les moyens de se la procurer. De plus, la destruction de services essentiels a pour conséquence de laisser des millions de personnes sans accès à l’eau potable ou à l’électricité. La moitié des établissements de santé ont fermé ou ne sont plus que partiellement opérationnels, et des millions d’enfants sont déscolarisés.

« On constate une accumulation des problèmes, notamment les difficultés économiques, l’impact de la guerre, le Covid-19 ou encore l’implosion de l’économie du Liban voisin. Tout ceci a débouché sur une crise majeure et très grave en Syrie. Plus de 80 % de la population a basculé dans la pauvreté au cours des derniers mois et des dernières années », a déclaré M. Maurer.

« Il n’est pas question d’une division politique sur la question de la reconstruction, il s’agit avant tout de trouver des solutions concrètes aux problèmes d’hygiène, d’accès à l’eau, l’éducation, la santé et l’électricité de base, et d’assurer un revenu de base pour toutes ces personnes », a-t-il ajouté.

Lors d’une visite à Daraya, dans la banlieue de Damas, il est allé à la rencontre de Syriennes et de Syriens qui, de retour chez eux/elles après des années de déplacement, ont monté des petits commerces grâce au soutien du CICR et du Croissant-Rouge arabe syrien.

L’an dernier, en coopération avec le Croissant-Rouge arabe syrien, le CICR a soutenu environ 9 000 Syriennes et Syriens pour monter des petits commerces dans huit gouvernorats, notamment des personnes de retour chez elles, des familles déplacées, des ménages ayant à leur tête une femme, ainsi que des personnes handicapées.