« Chaque matin, je me lève à 5 heures  » confie Honorine* après une longue journée de travail. Il est vrai qu’entre un emploi à l’hôpital, la responsabilité de deux petits commerces et l’éducation de ses trois enfants, le quotidien de la jeune femme est particulièrement bien rempli.

Aujourd’hui, Honorine est une figure importante dans son quartier de la ville de Sange, dans la région du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo. Il y a cinq ans pourtant, jamais elle n’aurait pu imaginer incarner cette femme admirée pour ces accomplissements personnels et professionnels.

Comme d’autres localités de la plaine de la Ruzizi dans le Sud-Kivu, la ville de Sange est connue pour sa criminalité. Les montagnes alentours abritent des groupes armés aussi bien locaux qu’étrangers. Dans la ville de 50 000 habitants, enlèvements crapuleux et violences sexuelles sont monnaie courantes. C’est dans ce contexte qu’Honorine, un jour de 2016, a été violée par deux hommes armés alors qu’elle était partie ramasser du bois.
Profondément traumatisée et affectée par les conséquences physiques de ce crime, Honorine peine à se relever. Ses revenus financiers en souffrent. « J’avais perdu le goût de vivre », explique-t-elle.

La ville de Sange, dans la plaine du Ruzizi, dans la région du Sud-Kivu. Albert Nzobe / CICR

Les femmes de Sopadi

Peu de temps après les faits, Honorine rencontre les membres d’une organisation locale, soutenue par le CICR, qui vient en aide aux victimes de violences sexuelles : Sopadi. « Là-bas, les femmes m’ont reçue et écoutée. Ensuite, elles m’ont orientée vers un hôpital. Sans elles, je ne m’en serais pas sortie aussi bien. »

Après avoir reçu des soins médicaux, le chemin d’Honorine recroise celui du CICR. Elle reçoit une aide financière du CICR qui s’intègre dans un programme de soutien en faveur des femmes ayant survécu à des violences sexuelles en République démocratique du Congo.

Grâce à cette aide, elle crée une épicerie et accède à un micro-crédit. Les affaires marchent bien pour elle. Son emprunt est remboursé rapidement, ce qui lui permet d’obtenir d’autres crédits, notamment pour ouvrir un restaurant et financer ses études d’infirmière…

« Si je travaille à l’hôpital le matin, je peux vers 16h aller prêter main forte aux équipes du restaurant ou de l’épicerie. Au total maintenant, j’ai six employés. »

Redonner confiance

Rukiya est une des agentes psychosociales qu’Honorine a connue dans l’association Sopadi. Elle se souvient bien d’elle : « Elle s’est donnée de la force et du courage pour reprendre le cours de sa vie. Elle est un modèle pour les femmes qui ont perdu tout espoir et qui pensent qu’elles sont indignes et s’isolent. Son cas montre qu’il peut en être autrement. »

« La stigmatisation dont souffrent les victimes de ces violences vient se rajouter au traumatisme vécu. Les femmes comme Honorine subissent une double peine. » poursuit Sarah, en charge du programme du CICR de lutte contre les violences sexuelles en RDC. « Au CICR, notre rôle est d’apporter une réponse médicale et psychosociale aux survivantes, mais aussi de les accompagner dans leur réinsertion sociale et économique. Au bout du compte, il s’agit de leur redonner confiance, une place dans la société et leur dignité ».

Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières

Quant à Honorine, elle considère qu’il ne faut jamais perdre espoir. « Même avec la vente d’un seul bidon d’huile, on peut émerger ! » conclut-elle d’un ton décidé.

En 2020, 3 710 victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo ont bénéficié d’une réponse médicale et psychosociale avec le CICR.

* Prénom d’emprunt

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