Le président du CICR est actuellement en visite en République Centrafricaine. Selon lui, « il est temps de mettre fin aux violences dans le pays »

Bangui (CICR) – Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, a achevé aujourd’hui sa visite de quatre jours en République centrafricaine. M. Maurer a rencontré le président de la RCA ainsi que des représentants du gouvernement et s’est entretenu avec des leaders communautaires. Il s’est également rendu à Kaga-Bandoro, où l’accès aux soins de santé demeure un défi majeur.

Alors que les affrontements se poursuivent entre une nouvelle coalition de groupes armés et les forces étatiques dans plusieurs parties du pays, nous assistons à une crise humanitaire dévastatrice en République centrafricaine.

La situation se dégrade

Ces derniers mois, la situation a continué de se dégrader. La violence armée a notamment poussé plus de 180 000 personnes à quitter leur foyer pour trouver ailleurs un semblant de sécurité. Avant la crise en cours, un Centrafricain sur quatre était déjà soit déplacé, soit réfugié dans un pays limitrophe.

Ici et là, des centaines de milliers de personnes sont encore privées de l’accès aux produits alimentaires de base et aux soins de santé. A Grimari par exemple, trois jours après la fin des combats, les équipes du CICR ont trouvé une ville fantôme où l’insécurité rendait les mouvements difficiles. Des populations traumatisées par la violence attendaient avec impatience l’aide humanitaire qui n’arrivait pas.  Elles ont désespérément besoin d’aide, de biens essentiels à leur survie et de nourriture.

Flambée des prix et pénuries

Les routes commerciales qui relient la Centrafrique au Cameroun sont coupées depuis près de deux mois. En conséquence, sur les marchés de Bangui et d’autres régions du pays, le prix de certaines denrées alimentaires a fortement augmenté. Nous craignons de voir la malnutrition s’aggraver parce que beaucoup de familles n’ont plus les moyens de s’acheter suffisamment de nourriture ou que les seuls aliments qu’elles puissent se procurer soient moins nutritifs.

A Kaga-Bandoro, dans le nord-est du pays, en 2020, nous avons accompagné près de 720 victimes de violences sexuelles et mené 1400 consultations psychologiques. Ces chiffres, révélateurs d’un niveau de violence effarant, sont loin de refléter l’immensité des besoins. Malheureusement, l’espace humanitaire et les possibilités d’acheminer de l’aide deviennent drastiquement limités par l’instabilité et la criminalité généralisées. La multiplication des groupes armés rend difficile la construction d’un dialogue structuré et l’obtention de garanties de sécurité fiables.

Respecter les missions de secours

Intimidations, menaces et attaques contre les travailleurs humanitaires sont devenues monnaie courante et mettent en péril l’assistance que nous voulons apporter. Les violences signalées contre les humanitaires ont augmenté de 40 pour cent entre 2019 et 2020.

Les attaques contre les structures civiles et les humanitaires sont inacceptables et doivent cesser. Autre sujet d’inquiétude, plus de 18 pour cent des structures sanitaires ne fonctionnent pas car elles ont été détruites, pillées ou en rupture de médicaments, d’équipements ou de personnel. Le respect de la mission médicale ou de secours est une obligation en tout temps et en toutes circonstances. Personnel et moyens sanitaires sont protégés par le droit international humanitaire, qui impose aux différents camps de ne pas inquiéter ou entraver la mission de secours, mais au contraire de faciliter l’accès aux soins pour les personnes qui en ont besoin.

Le CICR rappelle à toutes les parties impliquées dans les violences la nécessité d’avoir des comportements conformes et respectueux et de veiller à ce que les personnes civiles et hors de combat, de même que les biens individuels et collectifs soient respectés et épargnés.

L’impératif d’une aide neutre et impartiale

Dans les circonstances actuelles, où la vie de milliers de personnes est en jeu, l’acheminement d’une aide humanitaire neutre et impartiale est primordiale.

Depuis 2013, au gré des violences, les équipes du CICR tentent de réparer toutes les blessures, visibles comme invisibles. Sur l’ensemble du pays, l’an dernier, nous avons soigné plus de 103 000 patients et évacué en urgence 79 blessés vers des structures de santé. Ce sont principalement les femmes et les enfants qui paient le plus lourd tribut au manque de soins de santé. En Centrafrique, les taux de mortalité maternelle et infantile sont parmi les plus élevés au monde.

La population est hantée par les violences, dont elle ne voit pas la fin. Sans perspectives de développement individuel ou économique, sans garanties de sécurité pour tous, les traumatismes imposés sans relâche aux Centrafricains finiront par oblitérer l’avenir d’une nation entière.