Trois ans après les violences qui ont ravagé le Kasaï, des milliers de familles d’agriculteurs tentent de retrouver le cours normal de leur vie.

La région du Kasaï se divise en cinq provinces. En 2016 et 2017, 1,4 million de personnes ont fui les combats opposant les forces gouvernementales à une milice locale auquelles s’ajoutaient des tensions interethniques. Longtemps laissés à l’abandon, villes et villages portent aujourd’hui encore les stigmates de la violence. Les conséquences humanitaires demeurent perceptibles.

Aujourd’hui, la situation est meilleure. Depuis 2018, les populations ont amorcé un retour dans leur foyer. Pour autant les problèmes perdurent. L’histoire de Marie résume bien la situation actuelle de centaines de milliers de personnes dans la région.

Maison pillée mais debout

Il y a un peu plus de deux ans, elle a osé avec ses neuf enfants retourner chez elle, à Tshisombi dans le Kasaï central. Des mois qu’elle, son mari et ses enfants se cachaient en brousse à 30 kilomètres de chez eux. Leur maison comme bien d’autres a été pillée, mais par chance, pas incendiée. Le couple se retrouve ainsi dans l’impossibilité de redémarrer des activités agricoles. Pendant un an, la faim a tenaillé : « Des jours, nous dormions affamés », se souvient Marie, rappelant que la malnutrition fut sévère pour plusieurs de ses enfants.

Beaucoup de maisons de Tshisombi sont encore inoccupées. Leurs propriétaires n’osent pas encore rentrer. L’économie tourne au ralenti et la production vivrière reste très en deçà de celles d’avant 2017. Aujourd’hui, redémarrer une activité agricole sous-tend de pouvoir avoir semences, outils et intrants.

« Même si nous avons tout perdu, il nous reste encore la terre » poursuit Marie « Nous repartons de zéro. » Dans le Kasaï, l’agriculture est la principale source de revenus. Le sol y est très fertile et peut produire en quantité légumes, manioc et maïs.

Soutenir l’activité agricole

Depuis août 2019, le CICR développe des programmes d’assistance dans plusieurs villages dont Tshisombi où vit Marie et sa famille. Il s’agit de fournir des biens de première nécessité, de la nourriture, un peu d’argent liquide mais aussi de quoi redémarrer l’agriculture avec des semences, des boutures de Manioc et des outils. En septembre dernier, 6500 familles, près de 40 000 personnes, avaient pu bénéficier de ce programme. Dès lors, les populations se sont organisées, certaines cultivant les champs familiaux, d’autres partageant des espaces communautaires. « Nous avons tout d’abord débroussaillé et abattu les arbres gênants, brûlé la terre avant de semer et de sarcler les parcelles », explique Marie.

Aider à mieux cultiver

Histoire d’améliorer les rendements, des formations ont été assurées par le CICR. « Nous avons réuni les familles pour qu’elles améliorent leur techniques d’entretien agricole, apprennent comment entretenir les cultures. Parfois nous les accompagnons dans leurs champs pour prodiguer des conseils in situ », explique Bonventure Tshisombi, chef du village de Tshibombi. « La dernière récolte de la nouvelle variété de manioc distribuée a été bonne».

Marie a suivi l’une de ces formations : « Nous avons appris à respecter un écart lorsque nous semons et à mettre trois graines de maïs par poquet. Ainsi même si une graine pourrit, les autres germeront. »

L’espoir au bout du tunnel

Chaque jour, elle, son mari et sa fille aînée parcourent deux kilomètres pour rejoindre leur parcelle. « Aujourd’hui, notre famille nombreuse mange chaque jour à sa faim et quelque soit la saison. Nous arrivons même à vendre un peu de nos récoltes ».

Le début de l’embellie ?