Les plus impactés par les conséquences du Covid-19 seront toujours les plus faibles, les plus pauvres. C’est ce qui vient à l’esprit quand on découvre une étude conduite cet été par le CICR auprès de 2 400 personnes dans dix pays africains dont la plupart minés par un conflit armé : Mauritanie, Niger, Nigéria, Cameroun, Libye, Soudan, Éthiopie, au Kenya, Somalie, République démocratique du Congo.

COVID-19, un fléau économique et social

Pour autant les résultats publiés ne surprennent pas. Le fléau pandémique n’a épargné aucune économie y compris celles des pays les plus riches. Aucune surprise alors en découvrant que dans les régions soumises aux conséquences d’un conflit armé le Covid-19 y prépare un peu plus de ravages économiques et sociaux.

Les chiffres sont éloquents : parmi ces populations par essence déjà très affaiblies car manquant de tout et survivant avec peu, 94% des personnes interrogées notent une flambée des prix des produits essentiels, y compris l’alimentation. 82% d’entre elles affirment également subir une perte substantielle de pouvoir d’achat.

La famine au bout du chemin ?

Le CICR a constaté dans des centres de nutrition qu’il soutient dans le nord-est du Nigéria, ravagé depuis des années par un conflit meurtrier, une augmentation importante des taux de malnutrition infantile. Le nombre d’enfants dénutris ou malnutris traités en ambulatoire a augmenté de 20%. Le nombre de cas sévères s’est quant à lui accru de 10% en une année.

« Cette tendance nous préoccupe beaucoup, particulièrement à Maiduguri (NDLR : capitale de l’Etat de Borno au Nord-Est du Nigéria)» explique Thomas Ndambu, nutritionniste au CICR. « Je crains que lorsque les volontaires de la Croix-Rouge du Nigéria reprendront leurs évaluations et activités de sensibilisation dans les campagnes (*) un nombre de cas encore plus important de malnutrition sera rapporté. »

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Tendance similaire observée en Somalie

Le CICR et le Croissant-Rouge de Somalie ont vu sensiblement croître les admissions dans les programmes d’alimentation complémentaire. En 2020, parmi les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes souffrant de malnutrition, 17 000 ont bénéficié d’une assistance au cours du premier semestre de 2020, contre 11 900 sur toute l’année 2019. Il est à craindre que cette tendance se poursuive durant le dernier trimestre de 2020. En parallèle, que ce soit au Nigéria ou en Somalie, le conflit ne connaît aucun répit. A cela s’ajoutent les aléas climatiques comme les inondations ou encore les invasions de criquets alors que le pays est toujours en proie aux violences.

Plus d’information sur le site du CICR

(*) Covid-19 oblige, nombre d’opérations et de déplacements sur le terrain ont été impossibles