Stress post traumatique, troubles de santé mentale, les blessures invisibles infligées par la violence et la guerre sont une réalité bien connue des combattants, des sauveteurs, des humanitaires ou encore des reporters. La prise en charge du syndrome de stress prost traumatique (PTSD) est une préoccupation remontant au tout début du XXème siècle.

Les militaires, premiers à s’en soucier

Les armées, constatant parmi les troupes des « pertes psychiques », des soldats mis hors de combat alors qu’indemnes de toute blessure physique, sont les premières à se préoccuper de santé mentale. Le pionnier est Autocratov, un général russe, psychiatre-en-chef de l’armée durant la guerre russo-japonaise (1904-1905). Il définira le concept de psychiatrie de l’avant, au plus près des soldats traumatisés.

Cinq principes de prise en charge

Une dizaine d’années plus tard, durant la Grande Guerre, un médecin hygiéniste américain envoyé sur le front en France définira 5cinq principes de prise en charge :

  1. Immédiateté
  2. Proximité
  3. Espérance
  4. Simplicité
  5. Centralité

Ce protocole, à l’aune des guerres du XXème siècle, a été enrichi, en France par Louis Crocq, psychiatre et général du service de Santé des Armées. Ce protocole est toujours d’actualité. Il a été, au mitan des années 90, transposé au monde humanitaire.

Le docteur Barthold Bierens de Haan a beaucoup contribué à cette adaptation. Dans cette vidéo, l’ancien psychiatre du CICR revient sur la définition et la prise en charge traumatisme du sauveteur.

Les civils ne sont pas épargnés

Mais si les pathologies psycho-traumatiques peuvent être appréhendées dans des milieux tels que l’armée, le journalisme ou l’humanitaire, qu’en est-il des blessures invisibles des populations dévastées par la guerre ?

Certes les enjeux sont différents mais colossaux. L’urgence de protection et d’assistance des blessés, des déplacés, des réfugiés sera toujours la priorité de l’action humanitaire. Mais les dégâts en termes de santé mentale sont aussi une réalité, qu’il semble difficile d’appréhender tant les besoins sont importants.

Le défi de la santé mentale dans la guerre

Derrière le mot valise de résilience se cache souvent cette réalité : comment survivre aux traumatismes de tous ordres engendrés par la guerre ? Comment reprendre une vie normale ? etc.

Le 10 octobre sera la Journée mondiale de la santé mentale décrétée par l’OMS. Gageons qu’une petite place soit réservée à la promotion de la question des conséquences psycho-traumatiques des conflits armés sur les populations. Commencer peut-être par les enfants, valoriser le soutien psychosocial, autoriser le futur à s’entrevoir.

Et puis, il y a le Covid-19

On ne saurait conclure ce billet sans relayer le communiqué conjoint publié hier par le CICR et la Fédération internationale des Croix-Rouge et Croissant-Rouge qui estime sur la base d’un sondage réalisé dans 7 pays que « le Covid-19 affecte la santé mentale d’une personne sur deux » :

Genève (CICR/Fédération internationale) – Dans une enquête du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) réalisée dans sept pays, la moitié des personnes interrogées (51%) ont indiqué que la pandémie de Covid-19 avait des effets négatifs sur leur santé mentale.

Dans un nouveau rapport intitulé The greatest need was to be listened to: The importance of mental health and psychosocial support during COVID-19 (le besoin impérieux d’être écouté : l’importance de la santé mentale et du soutien psychosocial dans le contexte du Covid-19), le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge démontre comment la pandémie est venue augmenter considérablement le niveau de stress et de souffrance de communautés du monde entier. (…) Lire la suite