La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge viennent d’ouvrir hier un centre de traitement gratuit pour les malades du Covid-19 au Yémen, afin de soutenir le système de santé dévasté par la guerre. La première vague de la pandémie a frappé de plein fouet le pays, qui a enregistré un taux de mortalité particulièrement élevé.

Installé à Aden, dans le sud du pays, le nouveau centre de 60 lits comprend une salle de radiologie, une unité de soins intensifs, des salles de soins, un espace de triage et un laboratoire. Sa mise en place, sous la supervision d’une équipe médicale internationale, a nécessité plusieurs tonnes de matériel et de fournitures médicales.

Après des années de conflit, plus de la moitié des établissements de santé sont fermés, privant d’innombrables Yéménites de soins médicaux.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le pays compte 585 décès pour 2026 cas confirmés de Covid-19, soit le plus haut taux de mortalité du monde par rapport au nombre de cas positifs.

Le nouveau centre, situé dans l’enceinte de l’hôpital Al-Joumhouriya à Aden, a été mis en place conjointement par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la Croix-Rouge de Norvège et la Croix-Rouge finlandaise, avec le soutien du Croissant-Rouge du Yémen. Alors que les autorités sanitaires signalent de nouveaux cas dans les gouvernorats du sud, il est très probable que le virus continue à circuler. Et les ressources manquent pour freiner sa propagation : les habitants en sont réduits à fabriquer eux-mêmes des masques de fortune pour leurs proches et des visières de protection pour le personnel médical.

« Il n’y a pas assez de centres de traitement du Covid-19 dans le sud du Yémen. Cette nouvelle structure pourrait donc se révéler précieuse si le nombre de cas devait continuer à augmenter », déclare Alexandre Equey, chef de la délégation du CICR au Yémen.

« Quand le Covid-19 s’est abattu sur Aden il y a quelques mois, beaucoup d’hôpitaux ont fermé leurs portes. Les gens n’ont pas les moyens d’acheter des médicaments, et d’autres maladies infectieuses ont refait surface. Mais quand une personne contracte le Covid, elle doit pouvoir se faire soigner. »

« La solidarité et la résilience sont primordiales. Un accord politique doit absolument être trouvé pour mettre fin aux souffrances de millions de personnes. Cela fait trop longtemps que les Yéménites attendent de pouvoir se relever et reconstruire leur vie », ajoute M. Equey.

« Nos volontaires sont engagés dans une véritable course contre la montre pour combattre la pandémie. Nous distribuons de la nourriture, des biens essentiels, des produits d’hygiène et des équipements de protection dans les camps et les structures de santé afin de renforcer les mesures de prévention du Covid-19 », explique le Dr Fouad Al-Makhithy, secrétaire général du Croissant-Rouge du Yémen.

Les combats qui continuent à faire rage et la pénurie de fournitures médicales ont contraint de nombreux centres de santé à fermer partout dans le pays. Dans ces conditions de délabrement du système de santé, la vie de centaines de milliers de personnes est menacée par des maladies potentiellement curables, des blessures de guerre ainsi que la malnutrition. Sans compter les pénuries d’électricité et de carburant, ainsi qu’une inflation galopante qui rend aliments, médicaments et autres biens de première nécessité quasiment inabordables pour la majorité des habitants. Autant de facteurs cumulés qui font que les conditions d’existence des Yéménites sont toujours plus précaires.

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« Le coronavirus nous concerne tous, mais certains sont touchés beaucoup plus durement que d’autres. Les habitants du Yémen subissent de plein fouet les conséquences de la pandémie, aggravées par celles du conflit qui se prolonge. Nous sommes heureux de pouvoir contribuer à soulager les nombreuses souffrances de la population en fournissant des soins aux patients atteints du Covid-19 », indique Bernt G. Apeland, secrétaire général de la Croix-Rouge de Norvège.

« Il est difficile d’imaginer situation plus difficile que celle que traverse la population du Yémen, où des millions de personnes subissaient déjà les effets du conflit, de l’insécurité alimentaire et d’un système de santé exsangue, avant l’arrivée du coronavirus. Nous espérons que ce nouveau centre les aidera à surmonter cette pandémie en y laissant le moins de plumes possible », ajoute Kristiina Kumpula, secrétaire générale de la Croix-Rouge finlandaise.

Le CICR et le Croissant-Rouge du Yémen, avec l’aide de Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge partenaires, s’emploient à lutter contre la pandémie en fournissant régulièrement aux hôpitaux et aux centres d’isolement des équipements de protection individuelle, des fournitures médicales, des vivres et du matériel d’hygiène.

Concernant le nouveau centre de traitement du Covid-19 :

  • Le CICR a mis en place un système d’aiguillage pour orienter les patients Covid provenant de zones rurales vers le centre de traitement d’Aden, en coordination avec d’autres prestataires de soins, les autorités sanitaires et le Croissant-Rouge du Yémen.
  • Les services proposés par le centre seront gratuits. Les patients pourront en outre communiquer avec leurs proches le temps de leur traitement.
  • Plus de 120 agents de santé et personnels techniques travailleront au centre, dont une centaine de Yéménites et une vingtaine d’internationaux.