En cette journée mondiale de l’humanitaire endeuillée par l’assassinat de 7 collaborateurs d’Acted au Niger et de leur accompagnant, il semble nécessaire de revenir sur quelques fondamentaux notamment le principe de neutralité de l’action.

La définition de la neutralité, toujours d’actualité, est à découvrir à travers le témoignage d’un délégué du CICR engagé dans l’évacuation du camp de Tell Zaatar en 1976 durant la guerre du Liban :

Un seul agenda : les victimes

L’humanitaire n’a qu’un seul agenda, qu’un seul objectif : secourir et protéger les victimes. Trois principes régissent les opérations sur le terrain : la neutralité, l’indépendance et l’impartialité.

  • L’indépendance affirme que l’humanitaire agit librement, sans l’emprise de tel ou tel pouvoir qu’il soit politique ou encore économique.
  • L’impartialité indique qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises victimes, juste des personnes ayant besoin d’aide : les civils bien sûr, payant le plus lourd tribut des conflits contemporains, mais aussi les porteurs d’armes mis hors de combat, parce que blessés ou capturés. Tous doivent être traités avec Humanité.
  • L’Humanité, principe faîtier de la geste humanitaire, universel et dont les Conventions de Genève ne sont qu’une formidable déclinaison obligeant les 196 Etats parties à « le respecter et à le faire respecter ». Même la guerre a des limites. Tel est l’enjeu.

Neutralité

L’une des limites, outre le comportement au combat et la conduite des hostilités, est précisément l’accès aux victimes ; un accès humanitaire garanti et respecté fondé sur la neutralité. Déjà dans la tête de Dunant à Solférino en 1859 germait l’idée de créer des « sanctuaires neutres sur le champ de bataille » vierges de tout combat puisqu’ici, il n’y a pas d’armes, juste de la souffrance et des personnels tentant d’y remédier. Ces sanctuaires, pour se distinguer, se protéger des combats et affirmer leur neutralité arboreraient un emblème, une croix rouge sur fond blanc, acceptée de tous les belligérants.

« Inter arma caritas »

Les temps ont changé mais les fondamentaux demeurent. La  devise du CICR, au style certes un peu désuet, est toujours d’actualité : Inter Arma Caritas, la charité entre les armes.

Le CICR, selon la volonté des Etats parties aux Conventions de Genève reste « l’intermédiaire neutre dans les conflits armés ». Pour Marcel Junod (1904-1961), l’un des plus grands délégués médecins de l’institution, le CICR (et par extension l’humanitaire) est le troisième combattant, celui qui s’interpose entre les belligérants pour tenter de garantir un espace humanitaire.  Cette interposition à un nom : la neutralité. Elle est aussi principe d’action pour entretenir avec les belligérants le dialogue confidentiel nécessaire pour accéder aux populations ou encore aux détenus.

Principe commun

Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge donne cette définition de la neutralité : « Afin de garder la confiance de tous, le Mouvement (*) s’abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et idéologique ». Un principe aujourd’hui adopté par beaucoup d’ONG intervenant auprès des victimes des conflits armés.

(*) Le Mouvement se compose du CICR, de la Fédération des sociétés de Croix-Rouge et de Croissant-Rouge ainsi que de ses 190 sociétés nationales de secours.