Elles sont au nombre de quatre et la benjamine fête aujourd’hui ses 71 ans. Qui ? Les Conventions de Genève ! Elles sont toutes nées du souci de fixer des limites à la guerre et se placent sous un principe universel, l’Humanité. Même lorsque l’on se bat, on ne fait pas n’importe quoi. Qu’on se le dise, sans elles, le monde serait pire encore !

Ecoutez le passionnant témoignage de René-Jean Wilhem, co-rédacteur des Conventions de Genève.

Première

La doyenne date de 1864. Première réalisation du CICR, créé un an auparavant. Elle signe la naissance du droit international humanitaire moderne. L’objectif est révolutionnaire : obliger Etats et Empires à améliorer le sort du soldat blessé en campagne, y compris l’ennemi. D’elle, découlera l’emblème de protection universelle de la croix rouge sur fond blanc (*).

Deuxième

La deuxième convention voit le jour en 1907. Elle est une redite de la première mais s’adresse aux soldats blessés en mer ; une situation non prévue par le texte de 1864.

Troisième

La troisième convention est révolutionnaire. Elle accorde dès 1929 une protection aux soldats capturés. Le principe est simple. Tout comme le blessé au combat, désarmé et vulnérable, le prisonnier doit être traité avec humanité. Désormais, « ceux qui ne combattent plus », les blessés et capturés, sont protégés.

Quatrième

Vient enfin la jeunette, la quatrième qui, du haut désormais de ses 71 ans, continue d’octroyer protection à l’immense majorité des victimes des conflits armés : les civils, « ceux qui ne combattent pas ».

C’était le 12 août 1949, à Genève

Quatre années à peine après la fin de la deuxième guerre et ses 60 millions de morts, l’objectif est donné :  renforcer et élargir le droit international humanitaire. Il s’agit, non seulement de garantir et de compléter les trois conventions existantes (1864, 1907 et 1929) assurant la protection dans les conflits internationaux de ceux qui ne combattent plus,  mais aussi et surtout de faire adopter une quatrième convention protégeant les civils.

Guerre froide vs. droit humanitaire

C’est ainsi, qu’à l’unanimité, le 12 août 1949 sont adoptées les quatre Conventions de Genève. Il aura fallu 4 mois d’âpres et intenses discussions entre « bloc de l’ouest » et soviétiques pour parvenir à un tel résultat ; inespéré à l’heure où s’opéraient les premières et tragiques manœuvres de la guerre froide et « l’équilibre de la terreur » nucléaire.

Elles ne s’usent que si on ne les respecte pas !

Depuis 71 ans, le monde dispose de tout un arsenal juridique fixant des limites censées, même si le concept peut choquer, « humaniser la guerre ». Les Conventions de Genève sont contraignantes et de portée universelle. 196 Etats y sont aujourd’hui parties. Chacun d’entre eux s’est engagé à les « respecter et à les faire respecter en toute circonstance ».

(*) en 1929 et en 2005 seront respectivement reconnus comme emblèmes (à la protection internationale équivalente à la croix), le Croissant-Rouge et le Cristal-Rouge (emblème subsidiaire).