« Attention aux arnaques et abus d’emblème » tel est en substance le message lancé ce weekend en Colombie par la Croix-Rouge nationale, le CICR et la Fédération internationale des sociétés de Croix-Rouge et de Croissant-Rouge. Avec la flambée de Covid-19 plusieurs escroqueries ont vu le jour ces dernières semaines avec usurpation de la qualité de membre ou de représentants du Mouvement international de la Croix-Rouge. Ceci n’est pas propre à la Colombie, chaque catastrophe, chaque crise aiguise l’appétit d’escrocs sans scrupules. (Article complet – en espagnol)

Attention aux arnaques

Ces abus peuvent avoir des conséquences graves dans la mise en œuvre des opérations d’assistance et de secours. La rupture de la confiance peut-être dramatique en terme de réponse humanitaire mais aussi de sécurité.

Il est crucial que la population soit attentive aux fausses informations dont le but frauduleux fait miroiter contre monnaie sonnante et trébuchante, fumigation, désinfection de maison, offre d’emploi, etc… Offre d’emploi contre paiement d’argent évidemment sans parler sur internet du vol de données personnelles ; le tout sous couvert perfide du symbole de la Croix-Rouge.

Dans cet entretien, François Bugnion, ancien membre du CICR revient sur la saga des emblèmes de protection.

Croix-Rouge, Croissant-Rouge ne sont pas des marques !

Pour mémoire, Croix-Rouge et Croissant-Rouge (*) ne sont pas des symboles comme les autres. Tout découle de la première Convention de Genève de 1864 sur le sort du soldat blessé en campagne. L’emblème est né de la nécessité de distinguer par un drapeau les « Sanctuaires d’Humanité » sur le champ de bataille. Les endroits où l’on ne se bat pas car on y soigne tout le monde, y compris l’ennemi.

Emblèmes de protection universels

Le symbole de ces sanctuaires est une croix-rouge sur fond blanc (**). Ainsi naîtront brassards pour les personnels et drapeaux pour les véhicules et hôpitaux de campagne. Le service de santé de n’importe quelle armée, pour peu que son Etat soit partie à la Convention, pourra désormais l’utiliser.

Usage indicatif en temps de paix

Chaque Etat aura également la possibilité de créer sa société de secours nationale composée de volontaires civils susceptibles de prêter main forte en temps de guerre aux services de santé. Cette société pourra alors développer en temps de paix ses activités propres de solidarité, d’assistance, de secours(***). Il lui sera donné la permission d’utiliser à titre indicatif d’utiliser le même symbole que les services de santé des armées, une croix-rouge sur fond blanc. Bref, la Croix-Rouge n’est pas une marque et son usage, quelques soient les circonstances, est régie tant par des textes internationaux que nationaux.

Tout comme il est interdit en tout temps et en toute circonstance de s’attaquer à des personnels et structures arborant les emblèmes de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge, les utiliser perfidement pour des actions de combat est un crime de guerre. De même, l’usage abusif de ces emblèmes à des fins commerciales voire d’arnaques est passible des tribunaux.

(*) il existe un troisième emblème subsidiaire, reconnu internationalement en 2005, destiné aux Etats parties aux Conventions de Genève qui ne souhaitent utiliser ni la Croix, ni le Croissant rouge sur fond blanc.

(**) En 1876, l’empire Ottoman, partie à la Convention de Genève et pouvant donc utiliser l’emblème de protection pour son service des armées décide unilatéralement de remplacer la Croix par un Croissant. Cet emblème sera officiellement reconnu en 1929.

(***) La société nationale de secours israélienne est la seule à utiliser un emblème différent, le Magen David Adom, bouclier de David rouge sur fond blanc.