Economie en crise, taux de criminalité élevé, services de base qui peinent à fonctionner : les neuf dernières années, marquées par la violence pèsent lourdement sur le quotidien des Libyens. A cela s’ajoutent désormais les premiers patients positifs au Covid-19.

Des soignants sur tous les fronts

Aujourd’hui, certains professionnels de santé qui devraient être formés aux protocoles de prévention de l’infection au Covid-19, continuent d’être appelés sur les lignes de front pour soigner les blessés. Les hôpitaux et les cliniques sont eux débordés par la prise en charge des blessés de guerre et des malades chroniques. Dans ce contexte, la prise en charge des malades atteints du Covid-19 semble bien mise à mal.

« Les établissements de santé ont besoin de davantage de soutien et de ressources pour faire face à ce défi » explique Willem de Jonge, qui dirige les opérations du CICR en Libye.

Pour soulager les centres de santé, trois hôpitaux vont recevoir des générateurs, leur permettant de continuer à fonctionner en cas de coupure de courant. Ils recevront également un soutien financier pour leur permettre d’acheter des masques, du désinfectant et du savon. En parallèle, et en collaboration avec les autorités, le CICR travaille à une gestion digne des dépouilles de victimes du Covid-19. Ce soutien prévoit notamment la fourniture d’équipements comme des sacs mortuaires.

En parallèle, pour les besoins routiniers des hôpitaux, le CICR continue de remettre des fournitures médicales et pour les besoins liés au conflit, du matériel de premiers secours pour les soignants qui travaillent sur la ligne de front.

Des combats qui s’intensifient en dépit du Covid-19

Malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu, les combats s’intensifient à Tripoli, endommageant les infrastructures civiles et forçant la population à quitter leur foyer pour se mettre à l’abri des bombes. Mais se mettre à l’abri des bombes signifie-t-il se mettre également à l’abri du virus Covid-19 ?

Malheureusement non, selon Maria Carolina, cheffe adjointe de la sous-délégation du CICR à Tripoli : «Des personnes qui avaient fui les combats, dont certains de nos collègues, nous ont confié qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de regagner leur foyer situé à proximité des lignes de front, car ils craignaient de transmettre le virus à leurs parents âgés. […] Cela montre les terribles choix auxquels certains habitants sont aujourd’hui contraints, partagés entre la menace des tirs d’obus et des bombardements et celle du Covid-19. »

Pour soulager la souffrance des Libyens, le CICR s’engage avec les services des eaux, au niveau local, pour améliorer l’accès et l’assainissement de l’eau. Il continue également de fournir des vivres, essentiels à la survie à ceux qui en ont besoin. 8 200 personnes ont bénéficié de ces distributions au cours du mois de mars.

Dans les centres d’hébergement, qui accueillent des familles qui ont fui le conflit, le CICR distribue des articles d’hygiène et forme le personnel aux techniques de désinfection pour limiter la propagation du virus dans les espaces collectifs.

Des restrictions qui entravent l’arrivée de l’aide humanitaire

Pour lutter contre la propagation du Covid-19, plusieurs mesures restrictives ont été mises en place, comme les couvre-feux ou encore la fermeture des frontières. Ces restrictions posent des défis logistiques pour les humanitaires puisque l’approvisionnement en vivres, médicaments et autres produits de première nécessité, est mis en péril.

Pour le chef des opérations du CICR en Libye : « Les autorités doivent veiller à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire tout en maintenant des mesures préventives telles que la distanciation sociale, faute de quoi les personnes qui en dépendent souffriront énormément », avant d’ajouter : « Le prix des aliments et d’autres denrées de première nécessité augmente, mettant une pression supplémentaire sur les familles les plus vulnérables du pays.

Pour elles, l’épidémie de Covid-19 ne vient que s’ajouter aux conséquences d’années de conflit, durant lesquelles les familles ont vu les services publics s’effondrer.