Surpopulation, accès aux soins de santé limité, mauvaise ventilation, insalubrité… Voici la réalité de nombre de prisons à travers le monde. Dans ce contexte, les maladies infectieuses disposent d’un terrain fertile pour s’établir et perdurer.
Aux Philippines, la probabilité d’attraper la tuberculose est 100 fois supérieure en prison qu’à l’extérieur. En parallèle, on estime qu’une prison prévue pour 100 personnes accueille en moyenne 534 détenus, selon les données de World Prison Brief, positionnant ainsi les prisons philippines en première position mondiale de taux d’occupation carcéral.
Face à cette réalité, le Bureau of Jail Management and Penology des Philippines, avec le soutien du CICR, a pris des mesures pour soigner les détenus atteints de turberculose, mais aussi pour endiguer la propagation de la bactérie.
Une maladie curable, encore plus si elle est détectée rapidement
La tuberculose est une maladie contagieuse, causée à la différence du Covid-19, par une bactérie. Celle-ci est curable mais nécessite un traitement long -de six mois à deux ans- aux effets secondaires contraignants : nausées, maux de tête, démangeaisons, douleurs, courbatures, raideur et parfois perte de l’ouïe.
« Je suis devenu sourd de l’oreille droite. […] Mais je ne regrette pas d’avoir été au bout du traitement. Si je n’avais pas pris mes médicaments, je ne serais pas là à répondre à vos questions, je serais sans doute déjà mort. » – Carlo, détenu guéri de la tuberculose.
Tout comme le Covid-19, cette maladie touche davantage les personnes fragilisées par d’autres pathologies, comme l’hypertension, diabète ou maladies respiratoires. Dans les prisons, une proportion importante de détenus sont atteints par ces maladies.
Port du masque obligatoire pour tous à l’intérieur de l’infirmerie
Voici la première consigne que doivent suivre les détenus mais aussi les visiteurs et le personnel pénitentiaire lorsqu’ils entrent dans l’infirmerie régionale de Calamba. Dans ce centre de santé, habitué à soigner les malades atteints de tuberculose, tout est fait pour limiter la propagation de la bactérie.
Pour favoriser la ventilation naturelle, le bâtiment est conçu sur quatre étages alors que les cellules sont elles, grillagées. Pour limiter les contaminations croisées, les patients sont isolés selon leur état bactériologique. A la mi-mars, l’infirmerie accueillait 300 détenus malades, dont neuf avec une tuberculose multi-résistante.
« Ici, ils sont suivis par du personnel médical et reçoivent des médicaments. Ils ont ainsi beaucoup plus de chances de se remettre. Ce n’est pas parce qu’ils sont en prison qu’ils ne doivent pas recevoir les mêmes soins de santé que ceux qui sont dehors. Il ne doit pas y avoir d’inégalité quant à la qualité des soins dispensés. Il ne devrait pas y avoir de différence. » – Elizabeth Garceron, directrice d’établissements pénitentiaires, à la tête de l’infirmerie régionale de Calamba contre la tuberculose.
Le CICR apporte son soutien à l’infirmerie de Calamba, en fournissant notamment du matériel (fournitures de laboratoire, équipement de protection, tests de dépistages, etc.) et une assistance technique. En 2019, l’organisation a aussi contribué à agrandir les cellules et à rénover les cuisines ainsi que le laboratoire.
Quelle soit virale ou bactérienne, la contamination se prévient de la même façon
Les méthodes entreprises pour lutter contre la tuberculose dans les prisons philippines peuvent être source d’enseignement pour tous les acteurs souhaitant limiter la propagation du Covid-19 dans le milieu carcéral.
Elles nous enseignent notamment l’importance d’établir des protocoles de contrôle de l’infection (dépistage rigoureux à l’entrée et dépistages généralisés à l’intérieur des lieux de détention). Egalement, la création d’unités d’isolement pour les patients infectés paraît fondamentale pour enrayer la contamination.
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