Malgré l’accord de paix signé il y a 5 ans entre les FARC et le gouvernement colombien, 5 foyers de conflits perdurent dans le pays. Dans le rapport publié hier, «Vivre sans peur en Colombie, un espoir vain ?» (en espagnol), le CICR exprime ses préoccupations quant aux conséquences humanitaires de la violence.

“La population civile continue de subir les pires conséquences du conflit et de la violence armée. On en entend peu parler car, n’oublions pas que, la plupart du temps, les victimes gardent le silence sur ce qu’elles vivent par peur de représailles. » explique Christoph Harnisch, chef de la délégation du CICR en Colombie (*).

Augmentation des violations du DIH

Près de 1000 violations du droit international humanitaire (DIH) ont été documentées par le CICR en 2019, 987 pour être précis, essentiellement des homicides, des viols, des intimidations et des recrutements de combattants mineurs. A cela s’ajoutent les déplacements forcés de population, 25 000 personnes en 2019, tandis que 27 600 autres se retrouvent confinées par la violence, dans l’incapacité de fuir.

L’augmentation du nombre de victimes d’engins explosifs et de mines antipersonnel a elle aussi été sensible en 2019. 352 victimes dont 159 civils. Plus de la moitié d’entre elles l’ont été dans les départements du Norte de Santander, d’Antioquia et d’Arauca.

Disparitions et attaques contre les personnels et infrastructures de santé

En augmentation également, les disparitions, avec 93 nouveaux cas l’an passé. Le taux d’élucidation (fondé sur la totalité des cas couvrant plusieurs années) demeure à 5%. « La faiblesse de ce taux s’explique par la difficulté extrême d’enquêter » explique Christophe Harnisch. « Les personnes redoutent de transmettre des informations par crainte de représailles”.

Autre raison d’inquiétude, l’augmentation des agressions contre des personnels et infrastructures de santé. Selon le ministère de la Santé et de la Protection sociale 218 agressions, blessures et menaces ont été enregistrées. “Ces faits, conjugués aux conditions précaires des structures médicales, aggravent les conditions de travail du personnel de santé mais nuit également à la qualité des soins et aux capacités de sauver des vies.

(*) Le CICR a commencé ses activités en Colombie en 1969 (notamment en détention) et dispose d’une large présence permanente dans tout le pays depuis 1980.