De passage en Libye, le président du CICR s’est ému du sort des populations civiles. Dans un communiqué de presse, le CICR appelle les belligérants à respecter les principes de base du droit international humanitaire lorsqu’ils mènent des opérations militaires, afin que les civils soient protégés des effets des hostilités.

Tripoli (CICR) – En Libye, la guerre qui frappe les quartiers résidentiels, les structures médicales et les écoles, continue d’infliger de profondes souffrances aux civils. Le quotidien de nombreux Libyens est marqué par la peur et l’incertitude chroniques, et les familles ont toujours plus de peine à joindre les deux bouts, a relevé le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer, au terme d’une visite dans le pays.

Un habitant sur quatre subit les conséquences d’un conflit qui entre dans sa neuvième année

Les combats à Tripoli depuis des mois ont entraîné la fermeture de 13 établissements de soins et 220 écoles supplémentaires, selon les Nations Unies, entraînant d’importantes perturbations dans les systèmes de santé et d’éducation, si indispensables. De plus en plus de Libyens sont confrontés à une pénurie de biens de première nécessité, ainsi qu’à la destruction ou au délabrement des infrastructures et des services publics. On estime que plus d’un demi-million de personnes ont besoin urgemment de soins médicaux.

« Le conflit prolongé et l’économie au bord du gouffre font que les gens peinent à se procurer les biens les plus essentiels et à accéder aux services de base comme les soins de santé, l’eau potable ou encore l’éducation », a déclaré M. Maurer après avoir rencontré des habitants et des représentants des pouvoirs publics et des forces armées, et s’être entretenu avec des membres du Croissant-Rouge libyen à Tripoli et à Benghazi. « Les personnes ont épuisé toutes leurs économies et n’auront bientôt plus d’autres ressources. Les plus vulnérables sont celles qui ont perdu au sein de la famille un soutien financier ».

Le CICR demande instamment à tous les belligérants de respecter les principes de base du droit international humanitaire lorsqu’ils mènent des opérations militaires, afin que les civils soient protégés des effets des hostilités et ne soient à aucun moment la cible d’attaques. Il en va de même pour les infrastructures indispensables à la survie des personnes comme les hôpitaux, les stations d’eau et d’électricité et les écoles, qui doivent également être protégées.

Des milliers de Libyens ont déjà été contraints d’abandonner leur foyer, souvent à plusieurs reprises.

L’année dernière, quelque 177 000 personnes ont été déplacées par les hostilités dans différentes régions du pays, dont 150 000 à cause des combats qui faisaient rage à Tripoli et dans ses environs.

En 2019, plus d’un million de personnes en Libye ont bénéficié une ou plusieurs fois de services fournis par le CICR, en étroite coopération avec le Croissant-Rouge libyen. Plus de 240 000 personnes – déplacés internes, résidents, habitants de retour chez eux et migrants – ont reçu des colis alimentaires. Le CICR a également distribué des médicaments et du matériel médical à 66 hôpitaux et structures de soins de santé primaires, qui ont ainsi pu effectuer 750 000 consultations, au total. En outre, les délégués de l’institution ont visité des personnes privées de liberté dans trois lieux de détention relevant du ministère de la Justice à Tripoli, Misrata et Benghazi.

Le CICR se dit une nouvelle fois prêt à servir d’intermédiaire neutre entre le Gouvernement d’union nationale et l’Armée nationale libyenne pour répondre aux besoins humanitaires existants. « La confiance qu’ont jusqu’ici témoignée les deux parties au CICR est rassurante, et nous espérons qu’il continuera d’en être ainsi. Cependant, beaucoup reste encore à faire pour que les civils n’aient plus à subir les terribles conséquences du conflit. Cette semaine, j’ai parlé avec des personnes à qui cette guerre fait endurer des souffrances inouïes. Elles suivent avec attention les pourparlers de paix qui se tiennent actuellement, espérant timidement qu’ils leur apporteront un répit durable », a conclu M. Maurer.