couv forensics_edited-1Les 29 et 30 octobre derniers se tenait à Barcelone, à l’initiative du CICR et de la Croix-Rouge espagnole, la 2ème Conférence sur la prise en charge des dépouilles mortelles non identifiées en Europe méditerranéenne.

En 2015, plus de 3000 migrants ont perdu la vie, pour la plupart noyés en Méditerranée. La moitié des corps récupérés n’ont, à ce jour, pu être identifiés. « Les gouvernements et les différents structures concernées doivent faire beaucoup plus pour régler cette situation inacceptable, explique le responsable de la médecine légale du CICR , le Dr Morris Tindball-Binz. Faute de ressources, certains médecins légistes travaillent aux identifications des corps à mains nues, au sens propre du terme. »

La nécessité d’avoir plus de médecins légistes au travail dans les grandes îles grecques, dotés de moyens, tel est l’un des constats de la Conférence de Barcelone méditerranéenne.

Barcelona

La Conférence de Barcelone réunissait une cinquantaine d’experts en médecine légale pour la gestion et l’identification des dépouilles mortelles des migrants noyés en Méditerranée.

Pour le Dr. Constantinos Couvaris travaillant en soutien de la Croix-Rouge grecque : « il faut notamment augmenter la fourniture de consommables et l’installation de systèmes de réfrigération dédiés. Le surendettement de la Grèce ne peut pas être un argument pour minimiser les ressources financières dont nous avons besoin pour réaliser notre travail. Il nous faut ces moyens, c’est autant une question d’argent que de dignité. »

La Conférence de Barcelone a également mis en lumière toute la problématique de l’identification des corps, du recoupement des informations et de l’information aux familles. « Une chose très importante doit être faite et sur laquelle aucune décision n’a encore été prise, poursuit le Dr Couvaris : collecter et centraliser au niveau national toutes les données sur les migrants morts. Ceci nécessite des systèmes innovants tant pour collecte que pour le partage de l’information. Ceci augmentera sans nul doute les chances de pouvoir attribuer un nom à une dépouilles plutôt qu’un chiffre. »

Améliorer le dialogue avec les autorités des pays d’origine demeure essentiel dans le processus d’identification. Idem pour l’information et le soutien à apporter aux familles dont le proche passe de « porté disparu » à « décédé ».

« Nous commençons à examiner la situation hors région méditerranéenne, explique Maria Dolores Morcillo Mendez, conseiller médecine légale du CICR pour l’Europe. La dimension est mondiale et il est nécessaire d’avoir une action dans les pays d’origine. Nous avons besoin du soutien des États, à travers par exemple le Conseil de l’Europe ou encore Frontex, tout comme celui, déterminant, des sociétés de croix-Rouge et de Croissant-Rouge pour aider les familles des migrants « portés disparus », souvent désespérées dans l’attente de nouvelles mais également faciliter leurs retations avec les autorités.

« Le problème est énorme, conclut le Dr. Dr Tidball-Binz. Avec près de 30.000 migrants décédés sur les routes de l’exil au cours des 25 dernières années, il est nécessaire de rappeler que les États ont des obligations juridiques envers ces morts. C’est une question de dignité et d’Humanité.

Dans le cadre de son mandat confié par les États via les Conventions de Genève, le CICR travaille depuis des décennies à la recherche des personnes portées disparues dans les conflits armés et autres situations de violence. La médecine légale, dans ce cadre, occupe une place de premier plan au sein de l’institution. Voici à travers cette vidéo, dans un contexte autre que celui des migrants, le travail d’un médecin légiste du CICR travaillant sur les « disparus » en Colombie.