Après la Somalie, le directeur des opérations du CICR, Dominik Stillhart, a achevé sa tournée en Afrique de l’Est au Mozambique. La région de Cabo Delgado, au nord du pays, subit conflit armé et catastrophes naturelles à répétition. Situation déplorable pour les populations.
Le conflit armé dans le nord du Mozambique et les déplacements massifs de population dans la région de Cabo Delgado – un tiers de la population – ont mis à rude épreuve installations sanitaires et systèmes d’approvisionnement en eau potable. Certains d’entre eux avaient déjà été endommagés par le cyclone Idai en 2019. Ce qui en résulte aujourd’hui fait planer la menace d’épidémies, de maladies hydriques tant pour les personnes déplacées que les communautés hôtes.
« Plusieurs milliers de personnes dépendent de cette eau, qui ne correspond à aucun standard de santé publique », explique Dominik Stillhart, directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au terme d’une visite de trois jours à Cabo Delgado. « Je crois extrêmement important d’alerter sur ce qui se passe actuellement au nord du Mozambique ».
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Priorités : eau potable et accès aux soins
Depuis plusieurs années, le Mozambique subit les effets conjugués du conflit armé et du changement climatique. Les conséquences humanitaires sur les populations sont lourdes, tant en terme sanitaire, qu’économiques et sociales. Cyclones et inondations récurrents ont endommagé les systèmes d’approvisionnement en eau et les structures de santé. Par exemple, sur l’île d’Ibo, où l’hôpital avait sous sa responsabilité les populations de l’archipel des Quirimbas.
Le CICR, avec les autorités locales, concentre nombre de ses efforts à la réhabilitation des infrastructures d’approvisionnement en eau et des structures de santé. Actuellement, les équipes sur le terrain sont engagées dans la construction d’un nouvel hôpital à Ibo. Objectif : l’accès aux soins des populations des 30 îles de l’archipel. Quant à la côte mozambicaine vulnérable aux chocs climatiques et catastrophes naturelles, le CICR développe des projets de remise en état et de construction susceptibles de mieux résister aux cyclones et pluies diluviennes.
800 000 personnes déplacées
Dans la province de Cabo Delgado, plus de 800 000 personnes, soit un tiers de la population de la région, ont fui leur foyer et trouver refuge dans les zones urbaines ainsi que sur les îles. Massés en périphérie des villes, les déplacés n’ont pas accès aux systèmes de distribution d’eau.
Les mouvements brutaux de population, l’accès limité à une eau potable, la promiscuité dans des camps de fortune sont à l’origine de maladies hydriques tels que choléra et diarrhées.
Menace épidémiques
Selon l’OMS, le nombre de cas de choléra à Cabo Delgado début août était de 3400, contre 2200 il y a tout juste un an. A cela s’ajoutent les cas de diarrhées, devenus deuxième cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. 28 602 cas recensés au premier semestre 2021 dont 40 % dans les districts où le CICR concentre son action, comme Montepuez et l’île d’Ibo. A cela s’ajoute la menace du Covid qu’aggravent des conditions d’hygiène déplorables.
Difficile dans ces conditions d’envisager tant de la prévention que de la prise en charge. 80% des centres de santé de Cabo Delgado les plus touchés par le conflit ne fonctionnent plus. Structurellement fragile, le système de santé s’en retrouve encore plus affaibli par le conflit alors que les besoins de santé ont augmenté de 20 à 30% dans les régions accueillant des personnes déplacées. Résultat, les quelques structures de santé encore opérationnelles souffrent de pénuries de tous ordres, de manque de personnel et sont de plus en plus dans l’incapacité de faire face à l’afflux de patients.
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