Vous devriez entendre à nouveau parler d’Henry Dunant cette année, 160 piges du CICR obligent ! Le CICR, né des deux idées fondatrices de l’humanitaire moderne jetées par Dunant dans son « souvenir de Solférino« . Ce cri reste le ferment de l’action et du droit internationale humanitaires.

Des cris à l’Humanité, il y en eut beaucoup au XIXème siècle face aux horreurs de la guerre comme celui de Francisco de Goya (1746-1828), génie de la peinture espagnole qui, enfermé dans sa surdité – conséquence probable d’une méningite contractée en 1792 – passa cinq ans, de 1810 à 1815, à graver « les désastres de la guerre », terrible réquisitoire, poignant et obsessionnel.

Estampe n°1 de los desastres de la guerra, intitulée « Tristes présages de ce qui doit arriver »

Francisco Goya, né en Aragon, mort à Bordeaux – l’année où Dunant vit le jour – a, en 82 gravures d’une extraordinaire facture, raconté la guerre (celle même qui inspirera Dunant à Solferino) sous le prisme unique de l’horreur, sans concession.

Goya a la soixantaine quand il se retrouve traumatisé par une guerre sans merci qui vient d’opposer les afrancesados, partisans de Napoléon 1er, censés incarner « les Lumières » et la Révolution française, aux défenseurs de la monarchie espagnole.

Bien des gravures des « désastres de la guerre » pourraient illustrer le « souvenir de Solferino ».

En 2013, le Dr. Paul Bouvier, conseiller CICR et spécialiste de l’éthique médicale venait de consacrer un travail original à l’œuvre de « Goya, l’humanitaire », travail publié dans la Revue internationale de la Croix-Rouge sous le titre : Yo lo vi, comprendre : « je l’ai vu ». Le CICR d’alors fêtait ses 150 ans.