Décidément, rouge et secours se sont souvent mariés. La Croix-Rouge, bien sûr, même l’anarchiste ! Celle des Soviets aussi, qui en plus de leur société nationale de secours avaient doté la IIIème Internationale d’une organisation humanitaire, le Secours-Rouge. C’était il y a tout juste un siècle.
Quelques mois après la révolution russe d’octobre 1917, est dissoute la Croix-Rouge russe, trop marquée par le passé tsariste. Elle survivra dans la diaspora mobilisée aux côtés du Comité international de la Croix-Rouge, notamment dans l’accueil des réfugiés parvenus à fuir la Russie.
En 1921, le CICR reconnaît la « Croix-Rouge de la République fédérative des Soviets ».
L’urgence est la terrible famine, conséquence de la désorganisation totale de l’agriculture à la suite de la Révolution d’octobre.
Croix et Secours rouges
La « nouvelle société nationale de Croix-Rouge » va trouver un complément à travers une autre organisation… Durant la séance de la Société des vieux bolchéviks, tenue à Moscou le 29 décembre 1922 à Moscou, est lancée l’idée d’une association russe « d’aide et de solidarité internationale aux combattants de la Révolution ». Elle prend le nom de Secours rouge. L’Internationale communiste l’adopte et s’adjoint de nombreuses sections nationales. Son président est le militant polonais Julian Marchlewski.
Solidarité avec les révolutionnaires emprisonnés
Ainsi naît le Secours-Rouge international, le SRI, qui se définit comme « un des leviers les plus importants du front unique pour attirer les larges masses de travailleurs et de paysans sans distinction de parti à la solidarité avec les combattants révolutionnaires emprisonnés. » La question des prisonniers qu’ils soient de guerre ou d’opinions est centrale dans les années 20. Le CICR, par exemple, parviendra à réunir les Etats en 1929 pour leur faire adopter la Convention de Genève sur le sort du soldat capturé.
Mobiliser les opinions
Au-delà de la détention, le mouvement s’élargit en faveur des femmes, des jeunes, des paysans et des chômeurs. Jusqu’au début des années 30, le SRI porte secours tout azimut et cherche à mobiliser les opinions, par exemple sur l’affaire Sacco et Vanzetti. C’est d’ailleurs à cette même époque que réapparaît aux Etats-Unis la Croix-Rouge anarchiste.
Le creuset des « Communes »
En 1924, le SRI propose le 18 mars comme journée d’action internationale (anniversaire de l’insurrection de la Commune de Paris où la Croix-Rouge fit aussi ses premières armes tant du côté versaillais que communard). En 1931, il double cette journée avec le 12 décembre, anniversaire de la révolte de la Commune de Canton (1927), journée davantage axée sur la solidarité avec les peuples colonisés.
Secours moraux et matériels
Le SRI organise partout où il le peut des secours matériels et moraux aux travailleurs pendant les mois d’hiver. En 1932, il revendique 11 millions d’adhérents et 70 sociétés nationales, dont 38 dans des pays sous joug colonial.
Perte de terrain
Mais le Secours-Rouge international va souffrir de la tactique unitaire de Moscou, visant à valoriser les fronts populaires. En parallèle, s’affaiblit le sentiment de solidarité au sein de l’Internationale. Dans les archives, on trouve peu de choses sur le SRI, quelque fois cité seulement, comme durant la guerre civile d’Espagne en 1937.
Renaissance inattendue
Le SRI entre en sommeil pour ne réapparaître qu’après la Deuxième Guerre mondiale, sous le nom de Secours populaire… Toujours d’active et aux actions essentielles, le Secours populaire a depuis longtemps abandonné les orientations de l’Internationale des années 30 pour ne considérer que celles des victimes, quelles qu’elles soient, en toute impartialité ! Comme la Croix-Rouge.
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