Voici deux perles vieilles d’un siècle et demi. Deux placards de la Commune de Paris soulignant déjà la pertinence de l’action et du droit international humanitaires.

La Commune de Paris constitue une mine d’informations pour qui s’intéresse aux balbutiements de la mise en oeuvre de l’action et du droit international humanitaires ! Il y a 150 ans tout juste, quelques jours avant que l’insurrection ne soit matée dans un épouvantable bain de sang, Croix-Rouge et Convention de Genève y faisaient leurs premières armes. Les deux n’avaient respectivement que huit et sept ans…

Deux placards de la Commune, parmi les centaines qui recouvrirent les murs de la capitale pour organiser la résistance, attestent de l’appropriation par les communards de l’emblème Croix-Rouge et de la protection qu’il conférait.

Protection de l’emblème

Dans cette première affiche, en date du 30 avril 1871, le citoyen Cluzeret, délégué à la guerre prévient : « (…) les insignes adoptés par la Convention de Genève ne doivent être portés que sur le champ de bataille. Les personnes qui les porteraient en ville en dehors du service pourront être arrêtés ». 

Protection des soignants et des blessés

Alors que le CICR demeure aujourd’hui toujours aussi préoccupé par le non-respect de la mission médicale en temps de conflit armé, voici ce qui semble être la première dénonciation connue d’attaque contre un soignant. Une infirmière en l’occurrence.

L’affiche est datée du 12 mai 1871. Noro, commandant du 22ème bataillon fédéré dénonce l’exécution de tous ses hommes blessés, impitoyablement fusillés par les soldats versaillais. Il s’insurge également sur le sort réservé à  (…) une jeune femme, infirmière au bataillon, assassinée par ces misérables, tandis qu’elle donnait des soins à un blessé. Sa jeunesse, son dévouement, non plus que la Croix de Genève qu’elle portait sur la poitrine, n’ont pu trouver grâce devant ces bandits » (…)

On doit à un libraire-éditeur, Arnaud Le Chevalier, d’avoir collecté et publié en fac-similé dès 1873 tous les placards de Paris couvrant la période 4 septembre 1870 au 27 mai 1871, c’est-à-dire de la défaite de Sedan (guerre franco-prussienne) à la semaine sanglante signant la fin de la Commune. Entre ces deux dates, il y eut le siège de Paris puis l’insurrection de la Commune. Dans cette exceptionnelle collection, parue sous le titre « Les murailles politiques », se trouvent bribes et artefacts oubliés de la Croix-Rouge et du Droit international humanitaire !

On peut également sur la même période relire dans le blog l’histoire de « la quêteuse Croix-Rouge du Temps des Cerises » ou encore celle de la première (?) photo montrant une ambulance Croix-Rouge en opération.