Discours prononcé par Mirjana Spoljaric, présidente du Comité international de la Croix-Rouge, à la conférence « Appel à l’action : aide humanitaire urgente pour Gaza » tenue à Amman.

Excellences, Mesdames et Messieurs les ministres, chères et chers collègues,

J’aimerais lancer deux appels aujourd’hui.

Premièrement, la lettre et l’esprit des Conventions de Genève doivent être strictement respectés.

L’ampleur des destructions à Gaza est effroyable, tout comme le mépris pour la vie et la dignité des personnes.

Ce conflit menace d’encourager une certaine tolérance à l’égard des violations du droit, qui pourrait créer un dangereux précédent pour les guerres du futur.

Or les Conventions de Genève insistent sur ce point : toutes les vies humaines, sans distinction, sont dignes d’être protégées.

Les parties au conflit et les acteurs qui les soutiennent doivent veiller à ce que le droit soit interprété et appliqué de manière à assurer immédiatement :

  • la protection de tous les civils,
  • le traitement humain de toutes les personnes privées de liberté, et
  • la libération de tous les otages.

Deuxièmement, des accords politiques doivent être conclus et mis en œuvre pour réduire les violences et permettre l’établissement d’un système humanitaire fonctionnel.

Le CICR salue tous les efforts déployés pour protéger les populations civiles, tels que la résolution 2735 du Conseil de sécurité de l’ONU, mais ces efforts doivent désormais être traduits en actes.

En sa qualité d’intermédiaire neutre et de confiance, le CICR se tient prêt à faciliter la mise en œuvre de tels accords ou au moins de parties d’accords, comme il l’a déjà fait en novembre dernier lors de la libération de plus de 100 otages.

Le statu quo ne peut perdurer. Sans accord politique en faveur d’un cessez-le-feu, le système d’aide humanitaire est poussé à son point de rupture.

Nous sommes aujourd’hui dans l’impossibilité d’acheminer suffisamment de secours vitaux à Gaza, et nous nous heurtons toujours à d’immenses problèmes logistiques et de sécurité.

Pour apporter une assistance impartiale, l’action humanitaire doit être massivement renforcée, avec notamment la mise en place de voies de distribution sûres.

En tant que puissance occupante, Israël doit subvenir aux besoins essentiels de la population et faciliter l’acheminement rapide et sans entrave des secours humanitaires.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

L’aide humanitaire – comme l’hôpital de campagne que le CICR et le Croissant-Rouge palestinien ont ouvert à Gaza avec leurs partenaires du Mouvement – constitue une véritable bouée de sauvetage pour des milliers de blessés et de malades.

Mais elle ne pourra jamais se substituer à l’action politique, seule capable de mettre un terme aux souffrances des victimes.

Il est donc grand temps que les États assument leurs responsabilités sur le plan non seulement juridique, mais moral.

Je vous remercie de votre attention.