Il y a cent ans, le 11 novembre 1924, était inauguré à Reims, le monument à la gloire des infirmières « victimes de leur dévouement » durant la Première Guerre mondiale. Ce projet fut à l’initiative de Juliette Adam (1836-1936), féministe, républicaine et femme de lettres.
La France se couvrait alors de monuments aux morts comme autant de lieux de mémoire des martyrs de la « Der des Der ». Plus de 90% des 36 000 communes françaises disposent ainsi d’un cénotaphe du souvenir listant par ordre alphabétique, parfois par métier, tous leurs morts.
Reims accueille le monuments aux infirmières tuées
Après que fut décidée la création d’un monument « aux infirmières du monde », Reims fut désignée pour l’accueillir.
Non pas pour les mille ans de couronnement des rois de France, mais parce que la capitale du Champagne demeure ville martyre de la Première Guerre mondiale, bombardée sans répit de septembre 1914 à décembre 1915. Quelque 800 civils y furent tués.
La cathédrale incendiée dès les débuts des hostilités, suite à un bombardement aérien, demeure le symbole des destructions subies par la ville.
Oeuvre de Puech et Girault
La réalisation du monument fut confiée au grand sculpteur, Denys Puech (1854-1942) et au célèbre architecte Charles Girault (1851-1932) à qui l’on doit à Paris le Petit et le Grand Palais.
Oecuménisme de rigueur
Le 11 novembre était inauguré l’imposant cénotaphe, en présence des autorités civiles et militaires de Reims, de Juliette Adam, l’initiatrice du projet, du cardinal Luçon, archevêque de Reims, du pasteur Gonin, du rabbin Hermann, du Général Pau, président de la Croix-Rouge française. A eux s’ajoutait une délégation des trois sociétés de la Croix-Rouge française.
L’hommage de la militante féministe
A l’inauguration, Juliette Adam a 88 ans. Elle fait lire son discours, dont cet extrait : « Toutes ces nobles femmes ont donné aux combattants le secours immédiat et l’espoir d’une courte ou lente guérison. Toutes ont laissé dans le cœur de ceux qui ont survécu à l’horrible hécatombe le noble sentiment de la reconnaissance. »
La geste universelle du secours
Le public découvre le monument, allégorique mais aussi documentaire. Sur l’une des faces, deux infirmières au chevet d’un soldat blessé, l’une à genoux essuyant son visage, l’autre debout prenant son pouls. Ce groupe statuaire incarne l’universalité du secours et le caractère inviolable de la victime et du soignant ; ce sanctuaire d’humanité sur le champ de bataille tel que l’avait imaginé Dunant dans Le souvenir de Solférino.
Infirmière allégorique, sans nom
105 infirmières de la Croix-Rouge française furent tuées auxquelles s’ajoutent quelque 250 infirmières mortes de maladies. Leurs noms ne figurent pas sur le cénotaphe de Reims à l’inverse des monuments aux morts des villes et villages. Une inscription compense cette absence : « Sur terre et sur mer, elles ont partagé les dangers du soldat. Elles ont bravé dans les hôpitaux bombardés et torpillés le feu de l’ennemi, la contagion, l’épuisement. En consolant la douleur, elles ont aidé la victoire. Honneur à elles. Elles vivront à jamais, dans le souvenir de leurs patries fières et reconnaissantes. »
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