De nouvelles libérations hier sous « les auspices du CICR » dans le cadre du conflit entre Israël et le Hamas sont l’occasion de revenir sur le rôle singulier d’intermédiaire neutre que joue, partout sur la planète « guerre », le CICR.

Le CICR travaille essentiellement dans les zones de guerre et dispose d’un mandat exclusif confié par les Etats à travers les Conventions de Genève. A ce titre, lui est reconnu le rôle d’intermédiaire neutre dans les conflits armés. Cette prérogative est sensée lui donner accès à toutes les personnes privées de liberté, de s’assurer du caractère humain de leur traitement, de leur permettre de communiquer avec leur famille et, le cas échéant, de faciliter des libérations.

Un rôle exclusif donné par les Conventions de Genève

Ce rôle exclusif du CICR est défini par les Conventions de Genève, socle du droit international humanitaire auxquels sont partie tous les Etats. Il équivaut à jouer les « bons offices » voire, plus rarement, le médiateur. L’objectif est strictement humanitaire : alléger la souffrance de toutes les victimes, les combattants blessés ou capturés, et l’immense majorité des personnes, les civils.

Intermédiaire, pour quoi faire ?

Pour s’interposer entre les belligérants dans l’intérêt strictement humanitaire de toutes les victimes. Être intermédiaire neutre, faire valoir le droit du plus faible, sous-entend l’assentiment, voire la confiance, de toutes les parties. On ne passe pas une ligne de front sans consentement des belligérants, tout comme on entre pas dans une prison sans l’accord des autorités détentrices.

Ainsi, dans son rôle d’intermédiaire neutre et fidèle à sa devise historique (1863) « Inter arma Caritas » (la charité entre les armes), le CICR est amené à visiter, libérer et rapatrier, « sous ses auspices », selon la formule consacrée, des personnes privées de liberté, prisonniers de guerre, détenus de sécurité ou otages. Il y a quelques mois, des milliers de combattants capturés dans cadre du conflit au Yémen étaient libérés puis rapatriés de part et d’autre de la ligne de front grâce à un pont aérien « CICRisé », mise en oeuvre de l’accord passé entre les parties au conflit. Dans le même esprit, hier, à Gaza, le CICR a été désigné pour procéder à la libération de deux femmes âgées.

La confidentialité comme Sésame

Dès que les parties sont tombées d’accord, le CICR entre en lice pour l’ultime étape qui conduira en sécurité les personnes qui lui ont été remises. En Colombie, par exemple, le CICR, au fil des décennies de conflit a procédé de la sorte. Quelque 1800 personnes ont ainsi recouvré liberté et proches. Telles opérations ne peuvent fonctionner sans le sésame de la confidentialité. Véritable outil de négociation humanitaire, elle permet d’aborder toutes les préoccupations du CICR. « L’entre quatre yeux » autorise à tout dire et à aborder toutes les questions relatives à la protection des personnes privées de liberté. Depuis la création en 1914 de l’Agence centrale des prisonniers de guerre, le CICR ne dispose que de sa force de conviction et du dialogue confidentiel pour améliorer le sort des détenus à travers le monde.

La détention comme exemple de compréhension

L’exemple de la détention permet de bien comprendre l’usage de la confidentialité : si le CICR dénonçait publiquement ce dont il est témoin en détention, il ne pourrait renouveler ses visites aux détenus abandonnés au seul bon vouloir de leurs gardiens. Or, l’expérience montre que c’est la répétition des visites qui permet d’améliorer le sort et le traitement des détenus. Aux visites répétées s’ajoutent les entretiens documentés et confidentiels avec la puissance détentrice, des directeurs de prison jusqu’au plus haut niveau hiérarchique de l’Etat ou de l’organisation concernés. Ainsi, grâce à l’action du CICR, les détenus peuvent espérer voir leur condition de vie s’améliorer, conformément à ce qu’impose le droit international humanitaire.