Un point presse donné hier, 14 juin, par Jürg Eglin, chef de la délégation du CICR en Ukraine et Ariane Bauer, cheffe de la région « Eurasie » de l’institution, illustre la densité et l’envergure des opérations du CICR. Voici les points clés de la réponse humanitaire du CICR dans le conflit armé international entre l’Ukraine et la Russie :

Le conflit armé international touche des millions de personnes. Les récentes opérations militaires – dont la destruction du barrage de Nova Kakhovka – engendrent des menaces supplémentaires pour les populations civiles vivant de part et d’autre de la ligne de front.

Rendez-vous ici pour en savoir plus sur les actions du CICR en Ukraine entre janvier et mai 2023 (en anglais)

Réponse humanitaire après la destruction du barrage de Nova Kakhoka

Les inondations consécutives à la destruction du barrage de Nova Kakhovka impactent essentiellement la population civile de part et d’autre du fleuve Dniepr. Une population déjà vulnérabilisée par quinze mois de combats et d’intenses bombardements.

Les équipes du CICR travaillent main dans la main avec les autorités et acteurs locaux depuis le 6 juin, date de la destruction du barrage. Objectifs : répondre aux besoins les plus urgents, avec un accent particulier sur l’accès à l’eau potable et le risque lié au déplacement de mines et de débris de guerre par les inondations.

Quelques heures après la rupture du barrage, le CICR a livré vivres et articles médicaux à la Croix-Rouge ukrainienne et au Service ukrainien des situations d’urgence. A cette assistance s’est ajoutée la livraison de kits de marquage de zones potentiellement devenues dangereuses avec le déplacement des mines.

L’accès à l’eau reste la priorité

L’objectif est aujourd’hui de veiller à ce que les habitants de Kherson et de ses environs aient accès à l’eau potable. La livraison de kits de chloraison, de pompes à eau et de réservoirs de grandes capacités au service des eaux de Kherson a été une première réponse. A cela s’ajoutent l’installation de réservoirs de plus de 200m3 dans la ville de Marhanets et dans 4 villages voisins ainsi que la livraison de 4500 jerricans pour permettre à la population de puiser dans ces points d’eau.

Sur la rive gauche du Dniepr, le CICR a réaffirmé son offre de secours. L’organisation se tient toujours prête à intervenir dans les zones où elle n’a pas accès ou ne dispose pas encore des autorisations nécessaires pour le faire.

La Croix-Rouge ukrainienne en première ligne

Cette réponse humanitaire ne serait pas possible sans des partenaires comme la Croix-Rouge ukrainienne, dont la mission est impérative dans de telles situations, une mission qu’elle accomplit avec courage, notamment dans l’évacuation de centaines de civils réalisée parfois à grand risque.

Le CICR à l’œuvre dans la région depuis des mois

Le CICR est présent dans la région du barrage depuis des mois. Bien avant la destruction du barrage, il soutenait des hôpitaux et les branches locales de la Croix-Rouge ukrainienne avec des livraisons de fournitures médicales, de kits de premiers secours et en formant les intervenants de première ligne. En outre, le CICR a pu délivrer du matériel de réparation d’infrastructures, des colis alimentaires et d’hygiène ainsi que de la sensibilisation au risque des mines.

Mines déplacées par l’inondation

Le CICR suivait depuis des mois la conduite des hostilités dans la région du barrage de Nova Kakhovka. Des démarches régulières avaient été faites auprès des autorités russes et ukrainiennes sur les risques encourus et sur la protection que le droit international humanitaire accorde aux infrastructures indispensables à la survie de la population civile.

« Des mines ont été emportées par le déluge. Nous devons cartographier les inondations et déterminer où ces mines pourraient désormais se retrouver » explique Erik Tollefsen, chef de l’unité de contamination des armes du CICR. « Nous y travaillons avec les autorités et les experts locaux ».

A propos de la pollution par les mines et les débris de guerre non-explosés, le CICR concentre plus largement ses opérations sur Kherson, Kharkiv, Mykolaïv et Donetsk où sont particulièrement exposées les populations mais aussi les personnels techniques.

Depuis le début de l’année 2023, 30 000 panneaux de signalisation et 50 000 affiches et dépliants de sensibilisation aux mines ont été distribués. Plus de 10 000 personnes ont également été sensibilisées à ce fléau à travers des formations ad hoc.

Prisonniers de guerre

Depuis février 2022, le CICR a visité plus de 1 500 prisonniers de guerre (PG) en Ukraine et en Russie. La priorité de l’institution demeure l’accès à toutes les personnes détenues en relation avec le conflit international.

L’Agence centrale de recherches (ACR) du CICR, de son côté, recueille des informations sur les prisonniers de guerre aux mains de la Fédération de Russie et de l’Ukraine. Au total, à ce jour, plus de 5 500 familles ont reçu à travers l’ACR des informations relatives à des proches portés disparus.

Rétablir le lien familial

Quelque 2 500 Messages Croix-Rouge (papier ou téléphoniques) ont pu être échangés entre détenus et leurs proches grâce au CICR et aux entités concernées du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Dans les lieux de détention auxquels il a eu accès, le CICR a pu remettre des livres, vêtements, couvertures, articles d’hygiène, lunettes pour améliorer les conditions de détention.

Pour autant, beaucoup reste à faire face aux attentes des familles. Les équipes travaillent sans relâche pour avoir accès à tous les détenus en relation avec le conflit international.

Assistance aux populations : nourriture, eau, soins demeurent les priorités

Depuis février 2022, le CICR avec principalement la Croix-Rouge ukrainienne, délivre de l’assistance aux populations jouxtant la ligne de front qui ont été particulièrement touchées par les combats.

Les équipes soutiennent également les services des eaux et administrations des villes de Mykolaïv, Izium, Kremenchuk, Novovorontsovka, Kherson, Zaporizhzhia, Donetsk et Louhansk. L’essentiel de ce frêt humanitaire se compose de kits de chloraison de l’eau et d’équipements et d’assistance technique. Ainsi, depuis le début de l’année, le CICR a fourni de l’eau potable à près de deux millions de personnes.

Assistance économique aux familles les plus vulnérables

Depuis février 2022, le CICR a apporté un soutien financier en argent liquide à quelque 346 000 personnes (environ 160 millions d’euros). Cette opération originale, conduite en coopération avec le ministère des affaires sociales, priorisait les ménages particulièrement vulnérables.

En outre, 250 000 colis alimentaires et kits d’hygiène ont été distribués chaque mois aux populations locales, aux écoles et aux hôpitaux.

Le soutien du CICR aux établissements de santé :

• Plus de 7 000 blessés de guerre ont été soignés dans la liste croissante des hôpitaux qui reçoivent un soutien mensuel du CICR dans le domaine de la chirurgie de guerre.

• 15 kits pour blessés de guerre et 350 kits avec des équipements spécifiquement demandés ont été donnés aux hôpitaux de première ligne/de référence et aux établissements de santé.

• 180 kinésithérapeutes ont été formés à la prise en charge des patients amputés des membres inférieurs. Des formations similaires professionnelles sont régulièrement organisées pour les médecins.

• 39 établissements de soins de santé primaires à Donetsk et Louhansk ont reçu une aide pour poursuivre les services de soins de santé.

• Plus de 5 700 personnes ont reçu un soutien psychologique et psychosocial grâce aux collaborations du CICR, notamment avec le siège de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre et les équipes de recherche et de sauvetage.