Le directeur général du CICR, Robert Mardini, achève une visite au Soudan du Sud. L’occasion pour l’Humanitaire dans tous ses Etats de faire le point sur les fléaux que continuent d’affronter comme elles peuvent, les populations : conflit et violence armés, aléas climatiques catastrophiques et Covid-19.

La famine plane-t-elle au Soudan du Sud ? En 2020, il y a eu moitié moins de rendement des récoltes tant en légumes qu’en céréales, que l’année précédente. Les conséquences sur les populations pour 2021 s’annoncent très préoccupantes.

Prendre la mesure des besoins

4200 personnes interrogées, 55 groupes de discussions, le CICR a conduit une grande enquête pour évaluer les besoins les plus pressants et tenter de pérenniser la situation des communautés. En coopération avec la Croix-Rouge du pays, le CICR a distribué en priorité semences et outils permettant à des familles de cultivateurs (représentant plus de 400 000 personnes) d’améliorer les rendements agricoles.

Redevenir autonome

Pour Robert Mardini, directeur général du CICR, qui se trouvait récemment en visite au Soudan du Sud : « Les gens en ont assez de dépendre de l’aide. Ils voudraient pouvoir vivre dignement en étant autonomes et en subvenant eux-mêmes aux besoins de leur famille. L’évaluation que vient de réaliser les équipes CICR montre que les chocs climatiques combinés au conflit et à la violence armée empêchent une transition vers plus d’autonomie et moins de dépendance à l’aide humanitaire. »

Robert Mardini visitant l’unité de l’hôpital d’Akobo où sont traités des blessés par balles.

Récoltes médiocres

Alors que débute la période de soudure (*) des dizaines de milliers de familles, en particulier dans les États de Jonglei, du Haut Nil, de Warrap, de l’Unité et des lacs, luttent d’ores et déjà pour leur survie. Les greniers sont vides et la récolte plus que médiocre. En outre, nombre de réserves alimentaires ont été perdues en raison du conflit ou encore des graves inondations de ces derniers mois. Il convient également de rappeler que dans certaines régions, comme celles de l’Équateur, par exemple, la faim touche des milliers de déplacés, c’est-à-dire, des personnes contraintes de fuir leur maison et d’abandonner récoltes et bétail.

Sombres perspectives pour 2021

« Comme si cela ne suffisait pas, s’est ajoutée en 2020, la pandémie Covid-19, déplore Robert Mardini. Certes, ce n’est pas la principale préoccupation des communautés rompues à affronter depuis des années, voire des décennies des difficultés. Mais la pandémie a tout de même eu un impact avec notamment la nécessité d’inclure pour nous des mesures de prévention dans nos opérations. D’un point de vue sanitaire, la pandémie a aggravé les vulnérabilités des systèmes de santé déjà fort mal en point. »

Il apparaît clairement qu’une recrudescence des combats augmenterait cette année à large échelle – voire étendue à tout le pays – le risque de pénuries alimentaires.

(*) La soudure correspond à la période précédant la récolte alors que s’épuisent les réserves de l’année précédente.