En 2018, des violences intercommunautaires éclatent à la frontière entre les régions d’Oromia et du Benishangul-Gumuz, en Ethiopie. Un million de personnes décident de fuir leur foyer et tout ce qu’elles possèdent pour se mettre à l’abri. Parmi elles, Rusha.

En violet, le Benishangul-Gumuz. En orange, l’Oromia. © Le Monde, 2018

Rusha est mère de quatre enfants qu’elle élève seule. En 2018, c’est donc avec ses quatre enfants qu’elle décide de quitter son foyer et de rejoindre le district voisin, Haro Limu, dans la région d’Oromia. Il leur a fallu trois jours de voyage, en passant par une forêt dense, pour atteindre ce qui allait devenir leur point de chute.

Rusha n’est pas du genre à se laisser abattre. En arrivant à Haro Limu, elle réussit à louer 2 hectares de terre à la communauté d’accueil. Problème, elle n’a pas de graines à semer et doit nourrir 5 bouches. « Mon souhait était que mes enfants puissent manger convenablement et retourner à l’école ensuite », explique Rusha.

Quelques temps plus tard, la Croix-Rouge éthiopienne et le Comité international de la Croix-Rouge décident d’apporter un soutien aux personnes déplacées de cette zone de l’ouest éthiopien. Rusha fait partie des 4 250 ménages déplacés à recevoir cette aide : 25 kilos de graines de teff, céréale originaire des hauts-plateaux d’Érythrée et Éthiopie, ingrédient de base de plats comme l’injera, 12,5 kilos de graines de maïs et 1 000 Birr pour préparer les terres en ce mois d’octobre 2020.

Rusha en compagnie d’une personne du CICR dans son champ, district de Haro Limu, région d’Oromia, 2020. Henok Birhanu / CICR

Parmi les autres bénéficiaires, on retrouve Abrham. Contrairement à Rusha, il n’a pas fui sa maison pendant le conflit, mais a tout de même été lourdement impacté. Par peur d’être attaqué, il n’est pas allé dans ses champs ramasser la récolte de son travail. Lorsqu’il a enfin pu enfin retrouver ses terres, il ne restait plus rien.

Heureusement aujourd’hui, grâce au soutien de la Croix-Rouge, il a pu bénéficier de nouvelles semences de maïs et d’haricots et voir à nouveau ses champs se parer de vert.

Cette année, la distribution de semences a bénéficié à quelque 25 000 personnes dans ces 2 régions éthiopiennes. Elle s’inscrit dans le programme de sécurité économique du CICR.

Abrham nous montre fièrement sa récolte de maïs, district de Yaso, région de Benishangul Gumuz, 2020. Henok Birhanu / CICR

Qu’est-ce que la sécurité économique ?

Dans les régions en proie au conflit ou à la violence, les populations sont souvent forcées de fuir leur foyer. Elles laissent alors derrière elles tout ce qu’elles possédaient, maison, travail, bétails, et se retrouvent alors dans une situation d’insécurité économique.

Pour permettre à ces populations de pourvoir durablement et dignement à leurs besoins essentiels, agronomes, économistes, nutritionnistes ou encore vétérinaires de l’unité sécurité économique, interviennent pour évaluer les besoins des populations qui subissent les affres de la violence et des conflits.

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