Le président du CICR, Peter Maurer vient d’achever une visite de deux jours en Libye où perdure le conflit. A la violence qui plonge, depuis 2011, la population civile dans le chaos, s’ajoute la menace de la Covid-19. Selon Africa CDC, une organisation dépendant de l’Union Africaine, plus de 9000 cas positifs ont, à ce jour, été recensés dans le pays.

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Les conséquences du conflit sont catastrophiques

« Les Libyens continuent de subir les effets dévastateurs d’un conflit qui dure depuis neuf ans, dans lequel de nombreuses familles ont été contraintes de fuir de chez elles pour échapper aux bombes, des structures de santé ont été détruites, des infrastructures de base ont été réduites à néant et l’économie s’est effondrée », explique Peter Maurer.

À Benghazi et à Tripoli, les conséquences du conflit sont catastrophiques. Les quartiers de Tripoli situés sur les anciennes lignes de front sont totalement défigurés. Les familles de retour chez elles ne retrouvent plus rien ou presque de leur habitation. A cela s’ajoutent les risques que font courir au quotidien les munitions non explosées, les pénuries de tous ordres, électricité, eau potable, assainissement et le manque d’accès aux soins de santé.

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Rencontres à haut niveau

À Benghazi, Peter Maurer a rencontré le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne, ainsi que les dirigeants du Croissant-Rouge libyen, qui s’emploie à lutter contre la propagation du Covid-19. Il s’est ensuite rendu à Tripoli pour une réunion avec Fayez al-Sarraj, chef du Conseil présidentiel et premier ministre du Gouvernement d’union nationale libyen.

Conséquences humanitaires multiples

Le conflit a ravagé le système de santé du pays. Plusieurs hôpitaux et cliniques ont été endommagés par les combats, tandis que d’autres ont dû fermer car trop proches des lignes de front. Certaines structures médicales se délabrent inexorablement à cause du manque d’investissements.

L’impact économique du conflit aggravé par la Covid-19 se fait lui aussi sentir. Les moyens de subsistance déjà très précaires de nombre de famille ont été encore plus mis à mal par la pandémie. Journaliers et migrants sont les plus durement touchés. Les activités rémunératrices se sont raréfiées alors que les prix des denrées de base ont augmenté d’environ 20%, voire doublé dans certaines régions. La hausse des prix devrait se poursuivre.

Aujourd’hui, il est difficile de se procurer du lait, des légumes, du carburant et même du pain.

CICR, intermédiaire neutre

Le CICR suit de près les manœuvres de renforcement de la présence militaire autour de la ville de Syrte et reste déterminé à servir d’intermédiaire neutre entre le Gouvernement d’union nationale et l’Armée nationale libyenne pour répondre aux besoins humanitaires. Il demande à pouvoir accéder en toute sécurité et sans entrave aux personnes qui ont besoin d’aide, quel que soit leur camp.

« Nous appelons instamment les parties au conflit, ainsi que leurs soutiens internationaux, à respecter le droit international humanitaire », a déclaré M. Maurer. « Les civils doivent être protégés des effets des hostilités et ne doivent jamais être la cible d’attaques. Il en va de même pour les infrastructures indispensables à leur survie, comme les hôpitaux, les écoles, les stations de traitement des eaux et les centrales électriques. Le droit des personnes à recevoir une assistance humanitaire doit lui aussi être respecté. »

Assistance humanitaire tout azimuth

Depuis le début de l’année, le CICR avec le Croissant-Rouge libyen a pu :

  • distribuer des colis alimentaires à quelque 93 000 personnes
  • fournir des aides en espèces qui ont bénéficié à 35 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, parmi lesquelles des femmes ayant charge de famille
  • réparer des installations permettant à 570 000 habitants d’avoir accès à l’eau et à l’assainissement
  • remettre en état trois structures médicales desservant 57 000 personnes.

Par ailleurs, une centaine d’hôpitaux et de centres de soins de santé primaires ont reçu des médicaments et du matériel médical, et près de 300 soignants ont été formés aux mesures visant à prévenir et à lutter contre la propagation du Covid-19. Plus d’un millier de personnes vivant avec un handicap ont bénéficié de services de réadaptation physique, tels que la pose de prothèses.