Le Musée de la Grande Guerre de Meaux en Seine et Marne accueille depuis ce week-end et jusqu’au 31 décembre une impressionnante exposition : « Infirmières, héroïnes silencieuses de la Grande Guerre ». De cette boucherie naîtra la professionalisation du métier. La Croix-Rouge française y joua un rôle capital.
La deuxième moitié du XIXème., avec l’essor des Croix-Rouge, verra se se structurer la profession d’infirmière. Les sociétés de secours nationales balbutiantes, particulièrement en France avec la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM 1864, premier nom de la Croix-Rouge française) vont placer les femmes au cœur de la problématique.
Les femmes investissent le champ du secours
Après l’héroïsme pionnier de la Britannique Florence Nightingale pendant la guerre de Crimée (1853-1856) ou encore de celui de l’Américaine Clara Barton durant la guerre de Sécession (1861 – 1865), les femmes investissent le champ des secours médicaux. Le point d’orgue demeure la Première guerre mondiale comme l’évoque remarquablement l’exposition temporaire du Musée de la Grande Guerre de Meaux. Entre autres témoins, les cartes postales : les centaines de modèles édités mettant en scène des infirmières lors de la grande guerre ont popularisé le métier, contribué aux vocations, laïcisé la profession : aux poilus, le patriotisme et le courage, aux infirmières, l’humanité et la consolation.
La Croix-Rouge française en pionnière
En France, la Croix-Rouge est à l’origine du métier d’infirmière. C’est en 1870, après la débâcle de Sedan et le siège de Paris par les Prussiens que, pour la première fois, des femmes participent à la création d’ambulances destinées aux secours des blessés (Sarah Bernhardt par exemple !).
Deux organisations féminines
Fruit de cette expérience, 7 ans plus tard, est créée la première école d’ambulancières et de gardes malades destinée à appuyer la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM). Celle-ci crée en 1879 l’Association des Dames françaises (ADF), la première organisation féminine laïque de l’histoire. Deux ans plus tard, une scission aboutit à l’Union des Femmes de France (UFF). Elle a pour objet : « la préparation et l’organisation des moyens de secours qui, dans toute localité, peuvent être mis à la disposition des blessés ou malades de l’armée française » (*).
Il faudra attendre la fin de la Première guerre mondiale pour que soit enfin créé en 1923, le premier diplôme d’Etat d’infirmière. Aujourd’hui encore, la Croix-Rouge française demeure un acteur de premier plan dans les formations du secteur sanitaire avec 19 instituts régionaux sur tout le territoire.
La définition du métier d’infirmière en 1902…
Circulaire n° 7083 du 28 octobre 1902
« L’infirmière telle qu’on doit la concevoir est absolument différente de la servante employée aux gros ouvrages de cuisine, de nettoyage, etc. Elle est réservée aux soins directs des malades ; c’est la collaboratrice disciplinée, mais intelligente, du médecin et du chirurgien ; en dehors de sa dignité personnelle qu’il est essentiel de sauvegarder, elle doit éprouver une légitime fierté d’un état que relèvent à la fois son caractère philanthropique et son caractère scientifique. »
Lire l’excellent dossier « Femmes, un combat pour l’engagement » de l’historienne Virginie Alauzet et Géraldine Drot de la Croix-Rouge française.
A lire également cette note de l’Humanitaire dans tous ses Etats : « La Croix-rouge, une histoire du féminisme ».
(*) Le 7 août 1940, les trois entités répondant au même emblème, SSBM, ADF et UFF, seront réunies pour former qu’une seul organisation : La Croix-Rouge Française.
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