Cette image du photographe italien Alfredo Bosco (*) est terrible. Dans l’Etat de Guerrero exposé depuis des années à la violence armée et aux disparitions de masse, un homme renifle la machette qu’il vient de planter dans le sol de ce qu’il pense être un charnier.
Depuis 1964, le Mexique a enregistré plus de 100 000 cas de personnes portées disparues en lien avec la violence armée. Ce chiffre terrifiant, place le plus grand pays d’Amérique centrale au niveau des cas de disparition d’Etats subissant depuis des décennies un conflit armé.
Le rythme des disparitions ne faiblit pas
Au cours du premier trimestre 2022, 3000 nouvelles personnes ont été déclarées portées disparues (1000 cas ont entre temps été résolus). Cette réalité pousse le CICR à militer pour que soit renforcer les mécanismes de prévention des disparitions, de recherche des personnes déclarées par les familles mais aussi d’identification des dépouilles découvertes.
Le CICR reconnaît d’importants progrès accomplis par le Mexique sur la question des personnes portées disparues et l’identification des morts. Ceci contribue à atténuer la douloureuse attente des familles.
Le CICR aide les autorités
Pour autant le CICR appelle à une mise en œuvre plus efficace et rapides des procédures de recherche afin d’augmenter les chances de retrouver en vie certaines personnes portées disparues.
« Les heures suivant une disparition sont cruciales », rapelle Marlène Herbig, responsable du programme du CICR pour les personnes disparues et leurs familles au Mexique. « Lorsqu’une personne disparaît, ses proches ont le droit de savoir ce qui s’est passé. Connaître le sort des personnes disparues est avant tout un acte humanitaire.
Améliorer le travail de recherche
Le CICR au Mexique communique avec les familles pour leur donner des informations claires sur leurs droits et sur ce qu’il faut faire en cas de disparition. Il partage également des conseils techniques avec les autorités sur le développement et la mise en œuvre de mécanismes de recherche et d’identification.
Afin d’être plus réactifs dès le signalement d’une disparition, les autorités doivent avoir plus de capacités opérationnelles ciblées plus particulièrement sur les personnes les plus vulnérables, enfants, adolescents, femmes ou encore migrants.
Coopération tout azimut nécessaire
Ceci implique une importante coordination non seulement entre les institutions nationales et régionales mais également avec les ONG. Une meilleure coopération entre Etats frontaliers s’impose également. Les services médico-légaux et les centres d’identification nouvellement créés au Mexique contribuent également au droit des familles à connaître la vérité. Au fur et à mesure que ces institutions augmentent le nombre d’identifications médico-légales, cela réduit le nombre de personnes non identifiées détenues dans les cimetières publics et les zones de détention temporaire du Mexique, par dizaines de milliers.
(*) Alfredo Bosco, photojournaliste, lauréat 2020 du Visa d’Or humanitaire du CICR pour un travail réalisé au Mexique sur les conséquences humanitaires de la violence urbaine sur la population.
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