L’humanité n’a pas attendu les Conventions de Genève pour établir des règles encadrant la guerre. Dans cet article passionnant, trois experts africains reviennent sur plusieurs traditions du continent qui résonnent fortement avec les principes du droit international humanitaire contemporain.
Préserver femmes et enfants, ne pas abattre son adversaire blessé, interdiction de brûler les récoltes – voici quelques exemples de règles ancestrales de la guerre, qui rejoignent celles érigées par les Conventions de Genève. Dans l’article publié sur le site du CICR, trois experts – sénégalais, congolais et une Australienne d’origine somalienne – décrivent ces ponts qui existent entre certaines traditions humanitaires africaines et le droit moderne.
« Tuez votre ennemi, ne l’humiliez pas »
Le Professeur Mutoy Mubiala en droit international et droits humains rappelle ainsi l’existence de « la Charte de Kurukan Fuga » remontant à l’Empire du Mali au 13ème siècle. « Tuez votre ennemi, ne l’humiliez pas », dit l’une de ses règles – ce qui correspond à la notion cardinale de traitement digne et humain de l’adversaire mis hors de combat dans les Conventions de Genève. Dans son intervention, Ayan Abdirashid Ali, une jeune chercheuse australienne d’origine somalienne, souligne également les liens avec le droit islamique, qui cherche à protéger les femmes et les enfants ainsi que les personnes hors de combat.
Les trois experts signalent aussi que pour beaucoup, le DIH est perçu comme « un droit étranger », venu de l’Occident. Or, aujourd’hui, tous les pays du monde ont ratifié les Conventions de Genève. Et le continent marque par ailleurs un engagement fort, avec par exemple, un taux de ratification de traités sur les armes conventionnelles, notamment ceux interdisant les armes à sous munitions et les mines anti-personnel, plus élevé que dans d’autres continents.
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