La délégation régionale du CICR pour le Mexique et l’Amérique centrale a récemment dévoilé son rapport humanitaire annuel. Celui-ci souligne la nécessité de mettre en place une plus grande coordination entre les Etats pour répondre aux besoins humanitaires liés à la violence armée, dont la recherche des personnes portées disparues, l’identification des dépouilles mortelles, et la migration.

« Reconnaître la douloureuse réalité du sort des victimes, faire en sorte que leurs besoins soient visibles et reconnus et intensifier les efforts pour alléger leurs souffrances est un impératif humanitaire qui ne peut attendre. C’est une obligation pour les États, la communauté internationale et la société », observe Olivier Dubois, chef de la délégation régionale du CICR pour le Mexique et l’Amérique centrale.

Les conséquences visibles comme invisibles de la violence armée

En 2023, les équipes du CICR au Mexique et en Amérique centrale ont pu constater les effets dévastateurs de la violence, qui fait chaque jour de nouvelles victimes. Les conséquences humanitaires sont, elles, de plus en plus graves. Certaines sont plus visibles, comme le nombre élevé d’homicides. Selon les chiffres officiels, en 2023, 2 944 personnes ont été assassinées au Guatemala ; au Honduras, le nombre de meurtres en moyenne par jour est de 8,3. Au Mexique, ce nombre est dix fois plus élevé :  81.

D’autres victimes endurent les conséquences de la violence en silence : un jeune qui disparaît sans laisser de traces sur la route de la migration ; un adolescent qui survit à une agression sexuelle mais qui est trop effrayé pour demander de l’aide ; une famille qui, craignant pour sa vie, décide de fuir sa maison du jour au lendemain.

Besoin d’une protection et assistance accrues pour les migrants

Le CICR alerte également sur l’urgence de répondre aux besoins humanitaires croissants des migrants. Au fur et à mesure de leur long périple, ils sont plus susceptibles d’être victimes de la criminalité et leurs besoins de protection augmentent.

Luis Miguel Arias, migrant vénézuélien de 28 ans, et sa fille Melissa (4 ans), font une pause avant de continuer l’ascension d’une colline dans la région du Darién, entre la Colombie et le Panama. Luis Miguel a traversé la jungle avec son épouse, leurs deux enfants et un ami. Federico Rios Escobar/CICR

Selon les chiffres officiels, en 2023, plus d’un demi-million de personnes a bravé la région du Darién, une dense étendue de jungle à cheval sur le Panama et la Colombie. Le nombre de migrants entrant de façon irrégulière au Honduras a presque triplé par rapport à 2022, et a augmenté de 77 % au Mexique. Ce pays figurait parmi les cinq premiers pays du monde en termes de demandes d’asiles.

Une nécessaire coopération entre les Etats

Seule une action transfrontalière soutenue et coordonnée par les États peut diminuer le coût humain élevé de la violence au Mexique et dans les pays d’Amérique centrale. Pour adopter des mesures efficaces face à ces problèmes humanitaires – notamment les migrations, les personnes portées disparues, les personnes décédées non identifiées et les déplacements forcés – il est nécessaire de déployer des efforts en matière de diplomatie et de coopération.

La délégation régionale du CICR pour le Mexique et l’Amérique centrale appelle ainsi les États à une plus grande coordination interinstitutionnelle, avec des initiatives telles que des réunions bilatérales, des mécanismes d’échange d’informations et la normalisation de certaines pratiques.

L’action du CICR en chiffres

En 2023, la délégation régionale du CICR pour le Mexique et l’Amérique centrale a œuvré à la protection des personnes disparues et décédées et de leurs familles, des personnes privées de liberté et des communautés touchées par la violence. Elle a collaboré avec les Sociétés nationales de la Croix-Rouge de la région, visant à renforcer les activités d’assistance aux migrants, mais aussi de protection.

En 2023, pour les migrants et populations déplacées, le CICR a :

  • apporté un soutien direct à 258 personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et migrants de retour au Salvador et au Honduras
  • fourni 62 512 consultations médicales et traitements aux migrants dans les points d’assistance gérés par les sociétés nationales de la Croix-Rouge
  • permis plus de 135 000 appels téléphoniques gratuits et connexions wi-fi aux migrants pour les aider à rester en contact avec leurs familles.

En 2023, pour la dignité des morts, le CICR a :

  • achevé la construction au Panama d’un module composé de 100 caveaux individuels, où les migrantsdécédés non identifiés et non réclamés sont temporairement conservés ou mis en terre. Ce projet a été réalisé en coopération avec les autorités municipales de Pinogana et l’Institut de médecine légale et de sciences médico-légales (IMELCF)

Enfin, en 2023, pour les personnes privées de liberté, le CICR a :

  • effectué 16 visites au Mexique dans six centres de détention d’immigrants et centres de rétention temporaire
  • effectué 60 visites dans 14 prisons du Honduras et du Salvador afin d’évaluer les conditions de détention et de promouvoir le traitement digne des détenus, notamment en engageant un dialogue bilatéral confidentiel avec les autorités concernées.

Lire l’intégralité du communiqué de presse du CICR (en anglais)