L’horreur est totale à Gaza comme le montre depuis un mois le flot continu d’images saturant espace médiatique et réseaux sociaux. La catastrophe humanitaire hors échelle laisse peu de place à la douleur des familles des otages dans l’attente, depuis le 7 octobre, de nouvelles de leurs proches.

Le CICR, intermédiaire neutre dans les conflits armés, fait tout ce qui est en son pouvoir depuis le 7 octobre pour apporter des réponses aux familles et faciliter des libérations. Il a sa disposition trois outils éprouvés : une longue expérience, sa force de conviction et la confidentialité.

Près d’un siècle de protection des détenus

Le CICR, auteur des Conventions de Genève, a, il y presque cent ans, proposé aux Etats un texte de loi portant sur le sort des soldats faits prisonniers. Tout comme le combattant blessé doit être traité avec humanité, le combattant capturé doit pouvoir bénéficier du même égard. Par extension, toute personne civile capturée et a fortiori prise en otage bénéficie de la même protection.

Tout détenu doit être traité avec humanité

La IIIème Convention de Genève de 1929 se fonde sur le même esprit que celles de 1864 et 1907 qui accordent une protection aux soldats blessés sur terre ou sur mer. Un combattant capturé, comme un blessé, n’est plus un ennemi. Il n’est plus qu’un être humain et à ce titre doit être traité avec humanité. Il devient en quelque sorte, neutre comme son sauveteur, car ne peut plus participer aux hostilités.

Tout détenu est protégé par le droit, quel que soit le conflit

A partir de 1929, les prisonniers de guerre bénéficient ainsi d’un statut et de droits qui fixent les obligations de la puissance détentrice. En 1949, les Conventions de Genève sont révisées et la quatrième Convention portant sur le sort des civils en temps de guerre est ajoutée aux trois précédentes. La protection des détenus s’est également élargie aux conflits non internationaux grâce à l’article III commun, surnommé la « mini Convention de Genève » qui fixe le minimum minimorum d’humanité s’agissant du traitement de quelque détenu que ce soit.

La « mini Convention de Genève »

Cet article proscrit également les prises d’otages. Toute personne privée de liberté, prisonnier de guerre, détenus de sécurité ou otage et quelque soit la nature du conflit (international ou non international) est protégé par le droit et doit être traité avec humanité. Ainsi, le droit international humanitaire prévoit que toute personne capturée doit être traitée dignement, doit pouvoir subvenir à ses besoins, vivre dans des conditions décentes, avoir accès aux soins, être en capacité de communiquer avec sa famille.

L’action du CICR en faveur des détenus

Les Conventions de Genève auxquelles sont parties 196 Etats sont universelles et contraignantes. Ils se sont engagés « à [les] respecter et à [les] faire respecter en toute circonstance ». Les Conventions de Genève fixent des obligations très strictes aux puissances détentrices qu’elles soient étatiques ou non.

Intermédiaire neutre

Dans ce cadre juridique, le CICR s’est vu confier par les Etats, via les Conventions de Genève, le rôle d’intermédiaire neutre dans les conflits armés. Négociateur strictement humanitaire, acteur singulier de la diplomatie, son mandat -à la différence des autres organisations humanitaires- lui confère la capacité d’établir et de maintenir le dialogue avec toutes les parties à un conflit.

Maintenir coûte que coûte le dialogue

Preuve que le CICR (qui travaille depuis 1967 en Israël et dans les Territoires occupés) est en contact avec toutes les parties : par deux fois, il a été désigné pour faciliter la libération de deux femmes américaines (20.10) puis de deux femmes âgées israéliennes (23.10). Depuis le début, le CICR réitère sans cesse sa demande de visite de tous les otages. Si ceux-ci ne sont pas libérés, alors le CICR doit pouvoir s’assurer que leurs conditions de vie sont conformes à ce que prévoit le droit international humanitaire.

Dialogue toujours complexe

Le dialogue est toujours complexe, quelque soit le conflit armé et les progrès parfois lents, particulièrement lorsque les hostilités se poursuivent ; l’important selon le CICR est de toujours maintenir le contact, non seulement avec les belligérants mais aussi avec tout protagoniste pouvant avoir une influence sur une situation.

Le sésame : la confidentialité

Il est coutume de dire que le CICR « dit ce qu’il fait et non ce qu’il voit ».

La confidentialité n’a pas pour vocation d’entretenir un tragique mystère. Elle est juste le sésame. Il n’a pas été trouvé mieux qu’elle pour négocier des situations aussi délicates que celles de l’accès à des détenus. Par expérience, la parole publique peut mettre en péril des mois de dialogues et de négociations. Mais il est vrai aussi, que ce mutisme ajoute une douleur indicible pour les familles dans l’attente.