Les conflits armés en Ukraine et en Ethiopie ont fait augmenter l’exposition des populations au risque des mines terrestres et des débris de guerre non explosés, tant en villes qu’en zones rurales.
Il y a 26 ans, les Etats acceptaient de se défaire des mines antipersonnel. Une formidable victoire, un formidable traité signé à Ottawa, porté avant tout par l’opinion publique internationale organisée en pléthore d’ONG. Une première ! Et une initiative soutenue depuis ses débuts par le CICR.
Mortel héritage
Ces armes, déversées par dizaines de millions sur des territoires entiers, finirent par être interdites en vertu des principes fondamentaux du droit international humanitaire comme la non discrimination (combattants / non combattants) ou encore les maux superflus. Ces armes dites tactiques, déversées sans plans de minage, eurent pour principale conséquence de semer la terreur parmi les populations. Sentinelles éternelles de no man’s land , elles polluent toujours des territoires entiers, en mortel héritage.
Les conséquences humanitaires
Que ce soient des mines antipersonnel ou des débris de guerre non explosés, la problématique à hauteur des populations reste la même. Les guerres devraient prendre fin en même temps que les combats, et pourtant les mines antipersonnel tuent et mutilent bien après la fin des conflits. Les mines antipersonnel ne peuvent pas distinguer les civils des soldats. Elles continuent de tuer et de mutiler des civils bien après que les combats ont cessé. De vastes étendues de terres fertiles sont rendues inutilisables, ce qui entraîne la disparition des moyens de subsistance. Les communautés peuvent en souffrir pendant des dizaines d’années après la fin d’un conflit armé.
Sensibiliser au risque
Les Nations unies ont décrété le 4 avril, Journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines. Il conviendra donc demain de s’interroger sur pourquoi aujourd’hui, 26 ans après le traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel, celles-ci demeurent un fléau… Probablement faut-il ajouter aux conflits actuels les débris de guerre non explosés. Mais on pourra aussi s’interroger sur les bombes à sous munitions. Interdites elles aussi par traité (2008), elles continuent de geler des régions entières. Les sous-munitions défectueuses qui n’explosent pas à l’impact au sol deviennent alors jumelles des mines antipersonnel.
Les conflits armés en Ukraine et en Ethiopie
Ce 4 avril portera donc sur la sensibilisation des populations avec des discours de prévention en attendant mieux. Pour Erik Tollefsen, chef de l’Unité contamination par les armes du CICR : « Aujourd’hui, le nombre de personnes exposées au danger des mines et des munitions non explosées est plus important. Cette augmentation est dues aux combats en Ukraine et en Éthiopie, où de vastes territoires habités ou agricoles ont été contaminés ».
Se déplacer dans son champ ou dans son quartier devient un défi dans certains endroits, sans oublier les gamins jouant au foot et dont le ballon finit dans un fossé.
Combien d’années pour lever tout risque ?
« Les populations vivront pendant des années sous la menace des mines terrestres et des restes explosifs de guerre. Davantage de ressources financières et d’équipements sont nécessaires pour enlever les munitions non explosées et sensibiliser les communautés aux moyens de protection », conclut Erik Tollefsen.
Les principaux points de la Convention d’Ottawa (1997)
· Aujourd’hui, ne jamais employer, mettre au point, produire, acquérir, stocker, conserver ou transférer à quiconque de mines antipersonnel (art.I) ;
· détruire toutes les mines antipersonnel en sa possession au plus tard quatre ans après l’entrée en vigueur de la Convention pour cet État partie (art.IV) ;
· détruire toutes les mines antipersonnel présentes sur des zones de son territoire dans les dix ans après l’entrée en vigueur de la Convention pour cet État partie et après les avoir identifiées et signalées (art.IV).
· fournir et/ou demander assistance auprès des autres États parties pour remplir ses obligations si possible et dans la mesure du possible (art.VI).
· prendre toutes les mesures législatives appropriées pour prévenir et réprimer toute activité interdite à un État partie en vertu de la Convention (art.IX).
Il peut cependant conserver un faible nombre de mines antipersonnel afin de former aux techniques de détection, déminage et destruction des mines (art.III).
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