Alice « Dick » Dumas, peintre, illustratrice et miniaturiste a travaillé à partir de 1918 en France à la propagande du « Bureau des enfants de la Croix-Rouge américaine ». La déjà puissante société de secours d’Outre-Atlantique a joué un rôle déterminant tant dans le soutien de son homologue française que dans celui des troupes combattantes alliées.

Pas moins de 2 300 volontaires de la Croix-Rouge américaine ont travaillé en France durant la Première guerre mondiale. Au plus fort des combats, elle gérait une vingtaine d’hôpitaux civils et militaires totalisant quelque 20 000 lits.

Hôpital temporaire de Saône-et-Loire soutenu par la Croix-Rouge américaine

500 ambulances et camions sanitaires, un train hôpital complet, des pansements à raison d’une production de 184 000 unités par semaine, tels sont quelques-uns des dons de la Croix-Rouge américaine. On pourrait également ajouter la somme de 5 650 000 francs mis à disposition d’un certain général Philippe Pétain pour distribution aux soldats français malades ou réformés ainsi qu’à leurs familles nécessiteuses…

Assistance aux civils

Mais la Croix-Rouge américaine investit également le champ de l’assistance morale et matérielle aux non-combattants et aux réfugiés. C’est ainsi que dès 1917, se créent différents bureaux, comme celui des réfugiés, qui essaiment des antennes dans tout le pays, une dans chaque département. À noter également, le bureau de la zone de guerre dont le but est l’aide au retour de la population française dans les zones dévastées par les combats : assistance matérielle (nourriture, couvertures, vêtements), fournitures de logements mais aussi de travail…

Tuberculose et « gueules cassées »

Les autres grands bureaux gérés par la Croix-Rouge américaine sont sans conteste ceux de la tuberculose soutenant les sanatoriums français mais aussi la rééducation des mutilés. La création d’une ferme modèle à Tours pour apprendre aux amputés à se remettre au travail malgré leur handicap apparaît comme une initiative d’une incroyable modernité. En parallèle, la Croix-Rouge américaine développe à Paris un atelier de « réparation des gueules cassées » placé sous l’autorité de la sculptrice Anna Coleman Ladd : rendre un semblant de visage aux défigurés…

Le bureau des enfants

Mais le bureau qui perdurera bien après la fin de la Première guerre mondiale est celui des enfants. Il préfigure de ce qui deviendra en 1945 la PMI, Protection Maternelle et Infantile. L’objectif est d’endiguer malnutrition et maladies et parfaire la formation des mères au sein d’une population mise à genoux par la guerre et dont l’état sanitaire général est très mauvais.

« Sauvez votre bébé ! »

Alice « Dick » Dumas et son époux, le peintre orientaliste, André Suréda.

Le bureau des enfants de la Croix-Rouge américaine va, pour sa propagande comme on dit à l’époque, faire appel à Alice « Dick » Dumas (1878-1962), peintre française, pour concevoir une série d’affiches de prévention. Celles-ci sont placardées dans toutes les grandes villes proposant des messages forts tels que : « Allons tous à la consultation. Il est plus facile et moins coûteux de prévenir la maladie que de la soigner » ou encore « Sauvez votre bébé ! La mort le guette. Mères ! Par vos soins intelligents, arrachez-le de ses mains. »

La Croix-Rouge américaine, pour bons et loyaux services…

Compte tenu de l’investissement massif de la Croix-Rouge américaine en France durant la Première guerre mondiale, il n’est pas étonnant de voir que celle-ci prit la présidence de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge (future fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) créée à Paris en 1919 en marge du traité de Versailles. Elle en assurera la tête pendant quatre décennies…