Voici deux affiches placardées dans le Paris de la Commune exhortant au respect de l’emblème Croix-Rouge. La Croix-Rouge a à peine 8 ans si l’on prend pour référence la création du CICR le 17 février 1863. Mais elle se situe déjà dans l’esprit des Communards, à la croisée de l’action et du droit international humanitaires.
La Commune de Paris constitue une mine d’informations pour qui s’intéresse aux balbutiements de la mise en oeuvre de l’action et du droit international humanitaires ! Il y a 152 ans tout juste, quelques jours avant que l’insurrection ne soit matée dans un épouvantable bain de sang, Croix-Rouge et Convention de Genève y faisaient leurs premières armes. Les deux n’avaient pas 10 ans…
Deux placards de la Commune, parmi les centaines qui recouvrirent les murs de la capitale pour organiser la résistance, attestent de l’appropriation par les Communards de l’emblème Croix-Rouge et de la protection qu’il conférait aux blessés et aux secouristes.
Respect de l’emblème
Dans cette première affiche, en date du 30 avril 1871, le citoyen Cluzeret, délégué à la guerre prévient : « (…) les insignes adoptés par la Convention de Genève ne doivent être portés que sur le champ de bataille. Les personnes qui les porteraient en ville en dehors du service pourront être arrêtées ».
Protection des soignants et des blessés
Alors que le CICR demeure aujourd’hui toujours aussi préoccupé par le non-respect de la mission médicale en temps de conflit armé, voici ce qui semble être la première dénonciation connue d’attaque contre un soignant. Une infirmière en l’occurrence.
La Croix de Genève…
L’affiche est datée du 12 mai 1871. Noro, commandant du 22ème bataillon fédéré, dénonce l’exécution de tous ses hommes blessés, impitoyablement fusillés par les soldats versaillais. Il s’insurge également sur le sort réservé à (…) « une jeune femme, infirmière au bataillon, assassinée par ces misérables, tandis qu’elle donnait des soins à un blessé. Sa jeunesse, son dévouement, non plus que la Croix de Genève qu’elle portait sur la poitrine, n’ont pu trouver grâce devant ces bandits » (…)
Nota Bene
On doit à un libraire-éditeur, Arnaud Le Chevalier, d’avoir collecté et publié en fac-similé dès 1873 tous les placards de Paris couvrant la période du 4 septembre 1870 au 27 mai 1871, c’est-à-dire de la défaite de Sedan (guerre franco-prussienne) à la semaine sanglante signant la fin de la Commune. Entre ces deux dates, il y eut le siège de Paris puis l’insurrection de la Commune. Dans cette exceptionnelle collection, parue sous le titre « Les murailles politiques », se trouvent bribes et artefacts oubliés de la Croix-Rouge et du droit international humanitaire !
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