Un mois après l’entrée en vigueur d’un accord de cessez-le-feu dans le cadre du conflit du Haut-Karabakh, des centaines de milliers de personnes dans toute la région continuent de payer un lourd tribut, et l’on s’attend à une aggravation des besoins humanitaires pendant l’hiver.

L’escalade de violence observée à l’automne a eu des effets dévastateurs : des civils ont été tués ou blessés, des centaines de maisons et d’infrastructures essentielles comme les écoles et les hôpitaux ont été détruites. Des armes non explosées abandonnées dans des zones peuplées menacent toujours d’arracher la vie ou des membres aux habitants. Les hostilités ont forcé la population à fuir pour se mettre en lieu sûr et à s’entasser dans des logements provisoires ou chez des amis ou des proches, tandis que des dizaines de milliers de familles ont perdu leur maison à cause du conflit. Les emplois et les moyens de subsistance ont également été gravement précarisés.

De nombreuses familles vivent encore dans l’attente insupportable de savoir ce qu’il est advenu de leurs proches ou de pouvoir offrir une sépulture digne à leurs défunts. Il est donc primordial d’agir au plus vite pour faciliter la récupération et le transfert des restes des personnes tuées lors des combats. Ces opérations menées sur le champ de bataille sont extrêmement dangereuses parce que le terrain est truffé de mines et d’engins non explosés. Qui plus est, avec l’arrivée de l’hiver, les interventions sont rendues périlleuses par les températures inférieures à zéro, le brouillard épais et les fortes chutes de neige qui entravent et ralentissent les déplacements, tandis que les pluies et la boue charrient les mines dans les zones où les équipes s’activent.

En sa qualité d’intermédiaire neutre, le CICR aide les parties à organiser ces opérations. Nous avons été présents, avec les forces russes de maintien de la paix, lors de dizaines d’interventions de ce type visant à extraire les dépouilles des tranchées et du champ de bataille. Notre but est de faciliter la communication entre les parties pour accroître les chances de retrouver les corps en veillant à ce que les opérations de récupération se déroulent aussi rapidement et dans les meilleures conditions possibles. Notre présence est subordonnée à l’obtention de garanties de sécurité suffisantes pour permettre à nos équipes de mener leur mission à bien.

Les détenus sont également une priorité pour nous. Jusqu’à présent, nous avons visité des dizaines de prisonniers de guerre et de détenus civils. Beaucoup ont reçu des nouvelles de leur famille grâce aux messages Croix-Rouge et aux salutations orales de leurs proches que nous leur avons transmis. C’est un lien émotionnel vital pour de nombreux détenus et leurs familles, et souvent la seule preuve que les êtres qui leur sont chers sont encore en vie. Nous avons également reçu des milliers d’appels et de visites de familles de personnes disparues dans la région, et enregistré des centaines de demandes de recherche pour des civils et des soldats.

Le CICR continuera de soutenir les victimes de ce conflit dans la région. En collaboration avec la Croix-Rouge arménienne et la Société du Croissant-Rouge d’Azerbaïdjan, nos équipes évaluent les besoins humanitaires et font tout leur possible pour venir en aide aux personnes qui en ont besoin.

À l’heure actuelle, les principaux besoins et préoccupations humanitaires concernent :

  • le soutien à la récupération et au transfert des dépouilles mortelles
  • la recherche des personnes portées disparues
  • l’accès à tous les prisonniers de guerre et civils et l’échange de messages CroixRouge/le rétablissement des liens familiaux
  • la fourniture de denrées alimentaires et de secours pour l’hiver aux personnes déplacées ou de retour chez elles après avoir été déplacées
  • le soutien en matière d’hébergement – chauffage, réfection de bâtiments, installations sanitaires, eau potable
    le soutien en santé mentale et le soutien psychosocial
  • les dommages causés aux infrastructures civiles telles que les systèmes d’approvisionnement en eau
  • la vaste contamination par les armes dans les zones urbaines et rurales touchées par le conflit
  • l’augmentation du nombre de cas de Covid19 et la mise sous pression des structures médicales

Voici, en résumé, les principales activités humanitaires que nous menions dans l’ensemble de la région début décembre :

SOINS DE SANTÉ

  • 15 hôpitaux et établissement médicaux ont reçu des fournitures médicales, notamment des médicaments, des pansements et des kits pour soigner les patients blessés par arme, ainsi que des couvertures et des articles d’hygiène.
  • 12 prises pour brancher des dispositifs d’alimentation en oxygène ont été installées dans une unité de traitement du Covid-19.
  • 300 lots de blouses médicales ont été distribués aux autorités sanitaires.
  • 42 trousses de premiers secours ont été distribuées.
  • 723 familles ont reçu un soutien en matière de santé mentale.
  • 45 volontaires communautaires ont été formés pour animer des séances de soutien psychosocial d’urgence destinées aux enfants et aux adolescents.

SÉCURITÉ ÉCONOMIQUE

  • Plus de 23 000 personnes ont reçu des colis alimentaires et des produits d’hygiène personnelle et d’entretien ménager.
  • Plus de 31 000 personnes ont reçu des articles ménagers, tels que draps, matelas, lits pliables, oreillers.
  • 400 dispositifs de chauffage et 1 400 batteries de cuisine ont été distribués.
  • Près de 8 000 familles ont reçu une aide financière (environ 37 000 personnes).
  • 21 700 couvertures en laine ont été distribuées aux personnes arrachées à leur foyer.

SOUTIEN EAU ET HABITAT

  • 3 hôpitaux ont reçu des matériaux pour la construction d’abris et la réparation provisoire des dégâts.
  • 17 générateurs ont été fournis.
  • 4 écoles maternelles ont été rénovées pour améliorer l’accès à l’eau et au chauffage.
  • 66 familles hébergées dans des abris ont accès à des douches et des latrines nouvellement installées.
  • 100 poêles ont été distribués à des familles dans sept abris.

CONTAMINATION PAR LES ARMES

  • Plus de 3 850 personnes ont été informées des risques des restes explosifs de guerre.
  • 70 enseignants ont été formés pour animer des séances de sensibilisation aux risques dans les écoles afin que les enfants prennent conscience des dangers des armes non explosées.
  • 10 kits de protection et un détecteur seront offerts pour aider les équipes locales de déminage.

ÉDUCATION

  • 360 enfants ont reçu des tablettes tactiles pour pouvoir continuer d’étudier à distance.
  • 100 enfants ont reçu des fournitures scolaires – cartables, cahiers, crayons, stylos et classeurs.