Nouvel appel lancé aujourd’hui par le CICR aux parties au conflit au Soudan afin que que les populations fuyant le danger à Wad Madani ne soient pas piégées dans les combats. Les belligérants doivent leur garantir des passages sûrs.

Des centaines de milliers de personnes ont quitté Wad Madani, la capitale de l’État d’Al Jazira, depuis que les combats ont éclaté vendredi dernier. Le CICR lance un appel urgent aux parties au conflit pour qu’elles assurent la protection de tous les civils et garantissent un passage sans danger aux personnes qui tentent de se mettre en lieu sûr.

« Nous craignons que Wad Madani, considéré jusque-là comme un refuge pour les personnes fuyant l’extrême violence qui sévit à Khartoum, ne se transforme en un nouveau piège mortel »,redoute Pierre Dorbes, chef de la délégation du CICR au Soudan. Nous avons vu des habitants pris de panique, s’enfuir dans le bruit assourdissant des explosions, au milieu des embouteillages et du chaos. Chaque fois que cela se produit, des familles sont séparées et les personnes vulnérables, comme les personnes âgées et celles qui sont en situation de handicap, se retrouvent livrées à elles-mêmes ».

Wad Madani est devenu un refuge pour de nombreux habitants de Khartoum après que les hostilités intenses dans les zones urbaines très peuplées ont détruit de grandes parties de la capitale et coupé des quartiers entiers des services essentiels.

Le CICR a temporairement transféré son personnel de Wad Madani vendredi. L’institution poursuit son dialogue avec les parties et lance un appel urgent pour obtenir un accès vital à toutes les zones touchées par les combats, alors que les besoins humanitaires ne cessent d’augmenter.

Huit mois après le début du conflit, ce sont près de six millions de Soudanais qui se retrouvent déracinés, soit le nombre le plus important de l’histoire du pays. Rescapée de la violence armée, la population survit dans d’effroyables conditions, privée d’accès aux biens de premières nécessités comme la nourriture et l’eau et plongée en permanence dans un climat de peur et d’incertitude. De nombreux civils soudanais ont été déplacés à plusieurs reprises, tandis que d’autres se retrouvent piégés dans des endroits dangereux dont ils ne peuvent s’échapper.

Dans ces circonstances extrêmes, au cours des trois derniers mois, le CICR et le Croissant-Rouge soudanais ont facilité près de 9 500 appels téléphoniques pour des personnes ayant perdu le contact avec leurs proches. Le CICR a également distribué de l’argent à plus de 22 000 personnes déplacées à Gedaref, Al-Jazeera et au Darfour occidental.

Depuis octobre, le CICR a :

  • facilité la libération de 64 détenus à Khartoum et de 274 détenus au Darfour, dont 64 mineurs
  • formé 44 volontaires du Croissant-Rouge soudanais à Al-Jeneina et Zalingei sur la manière de gérer les morts
  • sensibilisé plus de 2 380 porteurs d’armes aux principes du droit humanitaire international
  • fourni du matériel chirurgical et d’autres articles médicaux à quatre hôpitaux dans les États de Kassala, Al Jazeera, Port-Soudan et Khartoum
  • déployé une équipe chirurgicale (composée d’un chirurgien, d’un anesthésiste, de deux infirmières et d’un gestionnaire de programme hospitalier) à Al Jeneina. L’équipe a d’ores et déjà procédé à 232 opérations chirurgicales
  • organisé des cuisines communautaires qui servent deux repas chauds par jour à environ 5 640 personnes déplacées ;
  • fourni 6 000 kg de chlore et distribué 420 000 comprimés pour purifier l’eau à Khartoum, Gedaref et Wad Madani
  • soutenu la campagne de sensibilisation au choléra du Croissant-Rouge soudanais dans les villes de Gedarf, Wad Madani, Nyala, Al-Geneina, Damazin et Al-Fashir.