En 2003, la Directive relative au droit au regroupement familial de l’Union européenne est née. À l’occasion des 20 ans de cette directive, le CICR et le bureau de la Croix-rouge/UE basé à Bruxelles font le point dans une déclaration commune. Ils appellent à une meilleure mise en œuvre de la directive afin qu’un plus grand nombre de migrants puissent jouir de leur droit à la vie familiale.

Faire du regroupement familial une réalité

La directive européenne sur le droit au regroupement familial, qui vise à permettre aux ressortissants de pays tiers résidant légalement dans l’UE de voir des membres de leur famille les rejoindre, a créé un précédent mondial important. Elle a permis à des milliers de migrants de rejoindre leurs proches en Europe. Alors que la directive fête ses 20 ans, nous appelons les dirigeants à redoubler d’efforts pour une meilleure mise en œuvre afin que davantage de migrants puissent exercer leur droit à la vie de famille, grâce à des procédures de regroupement familial plus rapides et accessibles.

Le seul moyen de maintenir une vie familiale pour beaucoup

Le regroupement familial est souvent le seul moyen pour les personnes qui ont dû fuir sans leur famille de maintenir des relations familiales, en particulier pour les personnes bénéficiant d’un statut de protection internationale qui pourraient ne jamais pouvoir retourner dans leur lieu d’origine pour des raisons de sécurité. Il s’agit également d’un facteur clé pour favoriser leur intégration sociale. « Je pouvais à nouveau m’occuper de mes propres perspectives de vie », déclare une jeune femme après avoir retrouvé ses parents, malades et dépendants de ses soins. « J’ai enfin pu me concentrer à nouveau. J’ai décidé d’améliorer mon allemand et de suivre un cours d’aide-soignante. « 

Le regroupement familial représente une voie sécurisée pour la protection des membres de la famille, en particulier pour ceux qui présentent des vulnérabilités et des besoins de protection spécifiques. Il est essentiel de rendre le regroupement familial plus accessible, afin de réduire le nombre de personnes qui risquent leur vie en empruntant des routes migratoires dangereuses pour rejoindre leurs proches.

« Lorsque des personnes sont séparées en raison d’un conflit armé ou d’autres situations de violence, la directive européenne sur le regroupement familial est une bouée de sauvetage pour les personnes qui cherchent à mettre des membres de leur famille en sécurité dans l’UE », déclare Knut Doermann, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Bruxelles.

De nombreux obstacles demeurent

Malgré les progrès importants réalisés depuis l’adoption de la directive, plusieurs obstacles continuent de restreindre ou de retarder l’accès au regroupement familial, ce qui a des conséquences néfastes pour les migrants et leurs familles. Souvent, des interprétations strictes des notions de famille et de dépendance privent certaines personnes de soutien familial, ce qui accroît leur vulnérabilité. Il existe également des obstacles pratiques qui peuvent faire du regroupement familial une procédure longue et insécure, notamment des frais élevés qui allongent les temps d’attente, ou la nécessité de traverser des zones frontalières instables pour atteindre des ambassades européennes et y déposer une demande. L’absence de services opérationnels et la crainte de poursuites judiciaires dans les pays d’origine peuvent également rendre l’obtention de documents officiels difficile, voire périlleuse.

Le 20e anniversaire de la directive européenne sur le regroupement familial est l’occasion pour les pays européens de faire le point sur sa mise en œuvre et de combler les lacunes existantes. Une approche axée sur la protection nécessite une meilleure compréhension des besoins des familles et des flexibilités procédurales pour protéger l’unité familiale. La Commission européenne peut jouer un rôle important dans le suivi de la mise en œuvre, en aidant les États membres à surmonter les difficultés et en soutenant l’échange de bonnes pratiques.

« Il est essentiel de veiller à ce que la directive se traduise par des procédures plus fluides et plus humaines sur le terrain. Cela permettrait aux familles ayant besoin d’une protection de reconstruire leur vie en toute sécurité en Europe et de s’engager activement dans la société », déclare Mette Petersen, directrice du bureau de la Croix-Rouge/UE.

L’engagement des Croix-Rouge européennes pour favoriser l’unité familiale

Les Sociétés nationales de la Croix-Rouge en Europe offrent une gamme de services aux migrants et à leurs proches avant, pendant et après leur réunification ; le CICR les soutient pour retrouver et contacter les membres de la famille. S’appuyant sur le travail de longue date du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avec les familles séparées, nous continuerons à travailler avec toutes les parties prenantes pour soutenir la mise en œuvre de la directive.