Au Niger, près d’une personne sur cinq dépend de l’aide humanitaire. Les conséquences des conflits armés et d’autres situations de violence continuent d’affecter des millions de personnes. Le CICR, présent dans le pays depuis quinze ans et la Croix-Rouge nigérienne apportent d’année en année une assistance aux populations déplacées.

Issoufou Agaly fait partie des 7 700 personnes déplacées à Tera (région de Tillaberi) ayant reçu une aide alimentaire du CICR. C’était le 18 juillet dernier. « En raison de la crise alimentaire, il est très difficile manger à sa faim. L’assistance alimentaire de la Croix-Rouge est arrivée à point nommé. »

Flambée des prix

Dans le sud-est nigérien qui connaît une recrudescence des combats et de la violence, les craintes de la population sont importantes : « Du fait de l’insécurité, il devient de plus en plus difficile de se déplacer et d’avoir accès aux denrées de base. En outre, les prix flambent, du riz au maïs en passant par le mil. Le kilo de riz, par exemple, est passé de 350 F à 500 F aujourd’hui », explique Alzouma Nouhou, agriculteur à Anzourou. « Je suis très inquiet pour la période de soudure car à cette période les cultures ne sont pas prêtes mais les greniers sont déjà vides ».

Bilan des activités CICR et Croix-Rouge nigérienne

Depuis début juillet, CICR et Croix-Rouge du Niger, ont pu assister dans les régions de Diffa, Tillabéri et Nord Tahoua, des dizaines de milliers de personnes.

  • Plus de 2 700 personnes déplacées, majoritairement des femmes et des enfants ont reçu des articles ménagers de base, incluant des pagnes, des seaux, des bâches, des moustiquaires, du savon et des articles de cuisine.
  • Près de 60 000 personnes ont reçu une assistance alimentaire d’urgence.
  • Plus de 8 150 familles (57 000 personnes) ont reçu un crédit de 92 500 XOF pour leur permettre de se fournir en nourriture auprès de producteurs locaux réunis par le CICR sur un marché éphémère. Cette foire permet également de dynamiser l’économie locale.
  • Près de 2 500 personnes (350 ménages d’agriculteurs) ont bénéficié de la distribution de semence pluviale leur permettant de planter et récolter leur nourriture.
  • 60 tonnes de blé ont été prépositionnées dans trois banques alimentaires pour le bétail dans la région de Tahoua. Ces aliments seront mis en vente à prix modéré pour faciliter l’accès à 8 400 personnes, soit 1 200 ménages, majoritairement éleveurs et agro-éleveurs des zones fourragères déficitaires.

Selon Abdallah Togola, en charge pour le CICR de la sécurité économique au Niger : « nous observons depuis deux semaines une augmentation significative des coûts des biens de première nécessité, atteignant parfois 60% sur certains produits, comme l’huile. Les prix continuent de fluctuer. »

Probable aggravation de la crise humanitaire

En plus des difficultés économiques, le Niger se voit aujourd’hui confronté à l’annonce de plusieurs Etats de la suspension de leur aide au développement. Ceci pourrait obérer d’une augmentation des besoins humanitaires.

« Sur les marchés céréaliers, l’offre sera bientôt insuffisante en raison de l’épuisement des stocks des agriculteurs, notamment dans les zones de conflit ou d’insécurité », note Ronald Ofteringer, chef de la délégation du CICR au Niger. « Il est à craindre que les besoins de consommation et alimentaires dans les régions accueillant des personnes déplacées, réfugiées et retournées, soient en nette augmentation ».