Bien qu’en vertu du droit international humanitaire, la population civile doit être épargnée et protégée, les conséquences des combats sur la population soudanaise sont impitoyables. Des centaines de milliers de personnes ont, par exemple, pu se réfugier au Tchad voisin. Pour autant, elles manquent de tout.

Depuis deux semaines, l’antenne chirurgicale du CICR déployée à Abéché dans l’Est du Tchad ne désemplit pas. Installée dans le Centre Hospitalo-Universitaire de la troisième ville du pays, 23 blessés polytraumatisés y sont traités, opérés, ré-opérés en fonction de la gravité des blessures.

Le CHU d’Abéché confronté à de graves pénuries en raison de l’afflux massif de blessés et malades soudanais.

Bilan des opérations du CICR au Soudan et dans la région ces trois derniers mois.

Beaucoup de civils blessés par balle

La plupart de ces patients ont été blessés par balles alors qu’ils fuyaient le Soudan livré depuis trois mois à d’impitoyables combats. Avoir pu atteindre le CHU d’Abéché relève du miracle.

« J’ai ressenti une violente douleur à la hanche et me suis effondrée, » se souvient Niemat Ebid Abdullah Abbas, mère de famille. « Mon fils qui courait, alors que nous étions sous le feu de tirs croisés, est venu à mon secours. Je lui ai fait signe de partir, de me laisser là, mais non, il m’a portée hors de la zone de combat et nous avons réussi à passer au Tchad».

Nouveau pic de réfugiés

270 000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants se sont, à partir d’avril dernier, réfugiés dans les régions d’Adré et d’Abéché. Cet afflux massif de population a connu un nouveau pic la semaine dernière avec plus de 20 000 nouveaux arrivants.

Conditions de prise en charge médicale très difficiles

Les besoins humanitaires vont croissants, aggravés par des pénuries de tout ordre touchant désormais toute la région. L’hôpital d’Abéché manque de tout : eau, électricité, médicaments, lits. Personnel médical et volontaires de la Croix-Rouge tchadienne improvisent des espaces de prise en charge. D’une capacité initiale de 150 lits, l’hôpital accueille aujourd’hui quelque 750 blessés, malades et parturientes.

« Même si l’hôpital d’Abéché est relativement grand, nous avons aujourd’hui l’impression de travailler en brousse», déplore le Dr. Kaleb Abraha Redie, chirurgien de guerre du CICR. « Certains jours, faute d’électricité, nous devons opérer à la lampe frontale ».

La saison des pluies pourrait aggraver la situation

L’approche de la saison des pluies, engendrant souvent des inondations importantes, augure de nouvelles difficultés : l’acheminement de l’assistance humanitaire. Autorités et humanitaires devront trouver des solutions.