Les guerres ont toujours fait des prisonniers, si ce n’est pour monnaie d’échange ou encore rançonnage… Mais quel était le sort réservé aux soldats capturés avant la IIIème Convention de Genève de 1929 qui, depuis, les protège ?

Prisonniers et guerres sont indissociables. Il y a 4 000 ans déjà, Hammurabi avait édicté son fameux code des principes sur le respect à accorder aux ennemis capturés. Idem en Inde au XIIIème siècle où, avant de livrer bataille, les chefs de guerre s’entendaient sur ce qu’il adviendrait des prisonniers de chaque camp. Autre exemple d’entente préalable, la guerre de succession d’Autriche en 1743 où France, Prusse et Angleterre se mirent d’accord par traité sur le sort à réserver aux soldats capturés.

De La Haye à Genève

Mais, force est de constater que la protection des prisonniers de guerre à travers l’histoire demeure anecdotique jusqu’au XXème siècle. En 1907, un règlement portant sur le traitement des soldats capturés est annexé à la Convention de La Haye, socle juridique régissant la conduite des hostilités. Ce règlement sera par la suite développé en 1929 dans la IIIème Convention de Genève, portant exclusivement sur le sort des prisonniers de guerre.

La protection des détenus par le droit international humanitaire : consulter l’Article III commun aux Conventions de Genève et le nouveau commentaire de la IIIème Convention de Genève de 1929 sur les prisonniers de guerre.

Le talion pour règlement

Mais revenons aux siècles passés. Le statut du prisonnier de guerre commence à évoluer en Europe à partir de la deuxième moitié du XVIIème siècle. A cette époque, l’Etat s’assure de la prise en main de l’appareil militaire et de son organisation. Pour autant, la règle se résumera le plus souvent par une sorte de loi du talion. Une nation traitera ses prisonniers de guerre à l’aune de ce que fera subir la nation ennemie aux siens…

Histoire d’une vengeance

Parmi les épisodes les plus tragiques, il y a celui de la guerre civile d’Espagne qui vit l’invasion du pays par les troupes napoléoniennes venues soutenir les insurgés Afrancesados. Les Espagnols, pour faire payer les épouvantables traitements infligés par les Français à leurs prisonniers, se vengèrent. Ils déportèrent en 1808 quelque 11 000 « grognards » sur l’île de Cabrera dans l’archipel des Baléares. Abandonnés, très rarement ravitaillés, 40% des prisonniers mourront sur l’île. Les autres finiront par être rapatriés en 1814.

La lutte des classes

Si les simples soldats, chair à canon au combat, sont généralement maltraités une fois capturés, on note une différence s’agissant des officiers… L’aristocratie et la qualité de l’officier fut longtemps, en tout cas en Europe, un sauf-conduit permettant aux prisonniers de haut rang de bénéficier de conditions de détention bien plus acceptables que la troupe.

L’arsenal de la protection naît au XXème siècle

Depuis près de cent ans, les soldats capturés bénéficient d’une protection du droit international au titre de la IIIème Convention de Genève (1929). La protection s’est étendue tout au long du XXème siècle, notamment aux combattants capturés n’appartenant pas à une armée nationale qui sont, eux, protégés par la quatrième Convention qui concerne les civils. Il existe aussi le fameux article III commun aux Conventions garantissant un traitement humain à tout détenu quelque soit son statut.

Connaître les fondamentaux

Pour mémoire, quelques principes intangibles : les traitements inhumains et dégradants sont interdits. Tout détenu doit pouvoir être jugé et bénéficier d’une défense. Enfin, « à la fin des hostilités actives », les prisonniers doivent être libérés.