Partout sur la planète, Croix-Rouge ou Croissant-Rouge évoquent secourisme et « gestes qui sauvent ». La sensibilisation et la formation aux premiers secours demeurent une activité essentielle, voire impérieuse, en période de conflit armé ou d’autres situations de violence, là où les services de santé sont désorganisés, endommagés, parfois détruits.

Pour ceux qui sont en France et qui souhaitent se former aux « gestes qui sauvent », la Croix-Rouge française dispense des formations partout dans le pays.

Ranimation cardio-respiratoire, point compressif pour juguler une hémorragie ou encore mise en sécurité d’un blessé devraient être enseignés dès l’école. Les premières minutes demeurent cruciales. Tout un chacun devrait pouvoir accomplir les gestes nécessaires, de sorte que des secours plus adaptés aient le temps de se rendre au chevet de la victime.

CICR, formateur en « gestes qui sauvent »

L’enseignement des premiers secours dans les écoles est l’une des préoccupations du CICR dans nombre de ses contextes d’intervention. En coopération avec les Croix-Rouge ou le Croissant-Rouge nationaux, enseignants et élèves reçoivent des sensibilisations et formations, et s’avèrent pour la plupart être ensuite de bons secouristes ! Bien formé, un adolescent peut à son tour devenir formateur ou tout du moins, sensibiliser son entourage.

Voici quelques témoignages recueillis en Azerbaïdjan, au Venezuela et en République démocratique du Congo, montrant que tout comme le droit international humanitaire, « les gestes qui sauvent ont une portée universelle ».

Khalida en Azerbaïdjan

Ecole endommagée par la flambée de violence de l’automne 2020. Le CICR et le Croissant-Rouge d’Azerbaïdjan enseignent aux élèves les premiers secours. Photo : Karla Hoover/CICR

« Je me sens plus en sécurité et plus confiante maintenant. Dans tous mes déplacements, j’emporte avec moi une petite trousse de premiers secours ». Khalida Asgarova a seize ans et aimerait devenir médecin. Elle vit dans le district d’Agdam en Azerbaïdjan. Au plus fort des hostilités en automne 2020, son village a été attaqué, son école endommagée. Pire, son père a été tué, Toute la population a dû fuir.

Au printemps dernier, elle a suivi une formation en secourisme organisée par le CICR et le Croissant-Rouge d’Azerbaïdjan. Principale leçon retenue : dans les situations d’urgence, chacun doit d’abord s’occuper de soi-même avant d’aider les autres. Depuis, Khalida a secouru une amie qui s’était blessée la main avec du verre cassé, a arrêté le saignement et réalisé le pansement. Elle a également sensibilisé les élèves qui n’avaient pu suivre la formation, ainsi que ses jeunes cousins.

Marisela au Venezuela

Un secouriste du CICR montre à Marisela comment s’y prendre pour panser une plaie. Pendant les exercices, les participants apprennent à soigner des blessures, des brûlures, des fractures et d’autres lésions courantes en situation d’urgence. Photo : CICR

« Avant, on se sentait impuissant parce qu’on ne savait pas comment réagir dans des situations dangereuses ou que faire face à un blessé. Aujourd’hui, on a de meilleurs comportements ».

Marisela Mujica est enseignante à l’école Jesus Maestra dans l’un des plus dangereux barrios de Caracas. La population vit dans la crainte permanente d’affrontements entre groupes armés, gangs et police. Marisela se souvient par exemple des tirs incessants dans son quartier qui a empêché l’accès à l’école pendant trois semaines ! En suivant les cours de secourisme, Marisela a d’abord compris que garder le plus possible son sang froid contribue à la protéger.
Depuis la formation, Marisela et ses collègues ont déjà soigné de petites blessures, telles que des entorses et égratignures. Elle a même eu l’occasion de réduire une fracture.

D’anciens enfants soldats en République démocratique du Congo

Pendant les séances de formation, ces enfants se sentent aimés et retrouvent l’estime d’eux-mêmes. L’un d’eux a avoué qu’il n’aurait jamais imaginé qu’une organisation comme le CICR puisse s’intéresser à lui et à ses semblables, considérés par la société, comme des bandits.

Les premiers secours ne rendent pas seulement les écoles plus sûres ; comme toute éducation, ils peuvent aussi donner aux élèves des moyens de s’en sortir. À la différence de Khalida, la plupart des élèves en zone de conflits armés ou d’autres situations de violence sont déscolarisés. C’est particulièrement vrai pour les enfants embrigadés dans des groupes armés, par exemple en République démocratique du Congo.

Exclus de la société, devenus parias, ces enfants n’ont aucune chance de grandir comme dans la « normalité». Ils n’ont pas le refuge de l’école et, dans la plupart des cas, plus de foyer.

Objet de réinsertion

Le CICR, dans le cadre de ses formations aux premiers secours, intègrent des enfants qui ont quitté les groupes armés. C’est le cas au centre BVES à Goma et celui de Heri-Kwetu à Bukavu. Ces sessions offrent aux enfants, filles et garçons, une chance de pouvoir s’exprimer et rêver d’un retour à une vie normale. Une personne qui connaît « les gestes qui sauvent » a plus de chances d’être bien accueillie et réintégrée dans la société, gagnant le respect des autres, prenant de l’assurance en sachant sauver des vies.

Les sessions de formation aux premiers secours doivent être accessibles à tous sans discrimination. Chacun devrait être capable de prodiguer « les gestes qui sauvent ». Il s’agit un acte humanitaire essentiel.