Une pandémie n’a que faire du temps de guerre ou de paix. Elle frappe, c’est tout. Le rôle des personnels soignants y est indispensable. Dans cette mini-série découvrez quatre infirmières CICR qui doivent faire face à la fois à une crise sanitaire ajoutée à la violence armée. Portrait 3/4 : Chrissy Alcock, infirmière urgentiste à Caracas (Venezuela) oú depuis plus d’un an et demi, les crises politique, économique et sociale entraînent une détérioration des services de base.

Dans quelle situation se trouvent aujourd’hui les Vénézuéliens ?

Au Venezuela, le quotidien de la population est difficile. Bien que le pays possède l’une des plus grandes réserves de pétrole au monde, l’inflation a atteint des niveaux tels que la plupart des gens n’ont plus accès à la nourriture, à des soins de santé adéquats ou encore à l’emploi.

Tandis que certaines régions du pays sont toujours en proie à la violence, les hôpitaux peinent à s’approvisionner en eau, électricité, médicaments et main d’œuvre en quantité suffisante pour garantir leur fonctionnement à plein régime.

Sans compter l’immense perte de compétences qu’on peut observer en raison de l’exode massif des soignants les plus chevronnés. Résultat : de nombreux postes sont occupés par du personnel infirmier et des médecins peu expérimentés.

Quel impact le Covid-19 a-t-il eu sur votre travail ?

J’étais en Sierra Leone en 2015, pendant l’épidémie d’Ebola, puis au Bangladesh en 2018, pour faire face à une flambée de diphtérie survenue dans les rangs de réfugiés. Aucun de ces contextes n’est toutefois comparable à ce que nous vivons en ce moment avec le coronavirus.

Pour l’heure (ndlr : début mai), les patients atteints du Covid-19 que nous admettons ici, à l’hôpital que soutient le CICR à Caracas, sont peu nombreux ; ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres personnes infectées au sein de la population.

Comment envisagez-vous les prochaines semaines ?

Il est très difficile de prédire comment la situation va évoluer ; raison pour laquelle la meilleure chose à faire est de nous préparer au scénario du pire.

Je fais partie d’une équipe qui est là pour aider l’hôpital à se doter des moyens de faire face à une éventuelle explosion de cas de Covid-19.

En ce qui me concerne, je forme des praticiens urgentistes. Nous formons également des personnels moins spécialisés à la manière de réagir et de se comporter face à cette pandémie, par exemple, l’usage des équipements de protection individuelle, l’organisation du système de triage en place, l’aménagement des espaces pour gérer un éventuel afflux massif de patients.

Nous nous assurons aussi du bon état de marche du matériel et des équipements. Autant de tâches qui viennent se rajouter au travail de routine qui est le nôtre dans cet hôpital.

À nous tous, nous formons une seule équipe, et le rôle du nettoyeur est tout aussi important que celui du médecin.

Qu’est-ce qui vous différencie ou vous rapproche de vos collègues en Angleterre ?

Il existe un véritable esprit de camaraderie ici ; mais comme d’ailleurs dans toute la communauté infirmière partout dans le monde.

Je suis affectée chaque fois que nous apprenons que des soignants sont morts des suites du Covid-19. Il faut dire que nous nous exposons beaucoup en luttant contre cette épidémie aux côtés des patients.

Aujourd’hui, je souhaite rendre hommage au travail de tous mes collègues de la branche, qui se donnent corps et âme partout dans le monde.

Au Venezuela, comme ailleurs dans le monde, tous les acteurs du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge continuent leur action humanitaire conjointe en faveur des victimes de violence armée

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