La veille du jour de marché, des hommes armés à moto s’introduisent dans le village de Tamkoutat au Mali et incendient le marché et le centre de santé. Quatre personnes sont tuées et de nombreuses boutiques pillées. Ils donnent un ultimatum aux habitants : quitter le village au plus vite.

Quelques jours plus tard, ils reviennent au village et commencent à tirer des coups de feu en pleine nuit. Dans la panique, certains parents oublient même leurs enfants. Les habitants de Tamkoutat fuient, parfois très loin pour échapper à la violence.

En cette fin d’année 2019, c’est à Wadicharaf, dans la périphérie de Gao qu’ils élisent domicile, au moins, temporairement. Avant, ils vivaient essentiellement de l’élevage de bétails et de petits commerces. Aujourd’hui, ils ont tout perdu. Tout est resté au village. Ils dépendent désormais principalement de l’aide apportée par les organisations humanitaires comme le CICR.

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A 13h, après plusieurs heures de voiture, au cœur du Sahara où seuls quelques épineux arbustes cassent l’infini de sable, l’ambiance est bruyante à Wadicharaf. Les centaines de déplacés attendent la distribution de vivres organisée par le CICR.

Sidi Boubacar Diarra, qui travaille à la communication à Bamako, est venu assister à cette distribution pour donner la parole à ceux qui l’ont trop peu.

Au cours de la distribution de vivres, il rencontre Tidwel, enceinte de 7 mois. Elle non plus n’a pas non plus été épargnée par la violence. Comme les autres habitants, elle a bravé les vents glacés des nuits sahéliennes avant d’arriver à Wadicharaf.

Tidwel, femme déplacée et enceinte. Sidi B. Diarra / CICR.

Attoma a lui aussi fui le village avec son épouse et ses 5 enfants. Comme les autres chefs de famille, il reçoit un jerrican d’eau et un grand sac blanc qu’il traine derrière lui. « Suis-moi, on va découvrir ce qu’il y a dedans » dit-il à Sidi. Une fois sous la tente, la famille découvre qu’il contient des ustensiles de cuisine, des bâches, des nattes, des moustiquaires, des couvertures, des pagnes, etc.

Le jerrican d’eau lui, couvrira les besoins de la famille, pendant au moins quelques jours. Dans cette zone particulièrement aride, il n’y a pas d’accès naturel à l’eau. Celle-ci est souvent acheminée depuis Gao par camions citernes.

« Maintenant, nous pourrons mieux nous protéger contre le froid, dormir sans craindre les moustiques porteurs du paludisme. Mon épouse pourra à nouveau cuisiner avec ces nouveaux ustensiles puisque les autres sont restés au village » raconte Attoma

Attoma et sa famille. Sidi B. Diarra / CICR

 

Attoma, Tidwel et les autres déplacés ne pensent pas être arrivés au bout de leurs peines. La situation humanitaire dans la région demeure préoccupante. Les violences contraignent des milliers de personnes à fuir leur foyer en quête d’un lieu de résidence plus sûr.

Quant à Sidi, il retiendra deux choses de cette expérience : « leur incroyable résilience, mais aussi leurs sourires malgré la situation ».

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