L’Humanité est le premier des 7 principes qui fixent la doctrine du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (*). Mais on peut également le considérer comme le principe faîtier de l’action et du droit international humanitaires. Un principe universel que longtemps on appelât Charité.
Celle que tenta d’opposer Henry Dunant à sa propre impuissance face aux dizaines de milliers de blessés et mourants abandonnés sur le champ de bataille de Solférino (1859). Selon l’Image d’Épinal, au cri de « Tutti Fratelli !», « Tous frères ! » le jeune suisse parvint malgré tout à mobiliser les habitants de Castiglione, sauveteurs improvisés prodiguant sans distinction de maigres secours aux moribonds autrichiens et français.
Mais ce « Tutti Fratelli » devint bien vite une adresse aux combattants et aux faiseurs de guerre : On ne peut pas faire n’importe quoi, même lorsque l’on se bat. Inter Arma Caritas, – la charité entre les armes -, devise originelle du CICR, impliquait que des règles devaient être fixées et respectées, que des limites devaient être connues et reconnues pour alléger la souffrance des blessés…
Déjà, 100 ans avant Dunant, un autre illustre Genevois, Jean-Jacques Rousseau considérait que – en substance -, lorsque un soldat est blessé, il n’est plus combattant et à ce titre est remis entre les mains de Dieu. Pour le pionnier de la Croix-Rouge, ce même soldat blessé n’appartient plus à l’un des deux camps, il appartient à l’Humanité…
Autour de cette idée majeure se construira tout au long du XXème siècle le Droit international humanitaire, de la protection des victimes à la conduite des hostilités.
Aujourd’hui, la guerre a des limites. Il n’est pas inutile de le savoir et de le faire savoir…
Pour le Mouvement, le principe d’Humanité se définit ainsi : « Né du souci de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sous son aspect national et international, s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Il tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la dignité de la personne humaine. Il favorise la compréhension mutuelle, l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples. »
Puisque nous en sommes aux définitions, l’une des plus belles illustrations du Principe d’Humanité demeure l’Article 1er commun aux Conventions de Genève du 12 août 1949 qui prévoit que Les Hautes Parties contractantes [les États] s’engagent à respecter et à faire respecter en toutes circonstances [Le Droit international humanitaire].
196 États, au nom de l’Humanité, se sont engagés à respecter et à faire respecter le droit fixant les limites de la guerre. Bonne nouvelle, non ?
Quant à la mise en œuvre de cet engagement, l’actualité nous apprend chaque jour qu’il reste tragiquement tout à faire.
(*) Les principes du Mouvement tels que définis en 1965 sont : l’Humanité, l’Impartialité, la Neutralité, l’Indépendance, le Volontariat, l’Unité & L’Universalité
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